La Roumanie et la Bulgarie : Un pas historique vers l’intégration complète
Ces deux pays, longtemps perçus comme étant à l’écart de Schengen malgré leur entrée dans l’Union européenne en 2007, ont franchi un cap important le 1ᵉʳ janvier 2025. La Roumanie et la Bulgarie ont rejoint officiellement l’espace Schengen, mettant ainsi fin à plus de 13 ans d’attente, marqués par des réformes nécessaires dans les domaines de la justice et de la lutte contre la corruption. Bien qu’ils aient rempli les critères techniques dès 2011, ces préoccupations avaient retardé leur intégration.
En 2024, les citoyens de ces deux pays ont dû faire face à des files d’attente pouvant aller de 12 à 20 heures pour franchir les frontières terrestres. La levée du veto autrichien, qui craignait un afflux de demandeurs d’asile, a marqué un tournant crucial. Aujourd’hui, les citoyens roumains et bulgares peuvent enfin circuler librement à l’intérieur de l’UE, tant par voie aérienne et maritime — ouvertes depuis mars 2024 — que par les frontières terrestres.
L’Allemagne : Un retour sur ses positions avec les contrôles aux frontières
Au même moment, l’Allemagne, autre acteur clé de l’espace Schengen, a pris une décision qui a secoué les certitudes : la réintroduction des contrôles temporaires à ses frontières. Depuis septembre 2024, des contrôles ont été rétablis, d’abord à l’occasion du championnat d’Europe de football et des Jeux Olympiques en France, avant de s’étendre à toutes les frontières du pays. Cette mesure, qui intervient dans un contexte de préoccupations migratoires croissantes et de pressions sécuritaires internes, reflète une réalité plus complexe de Schengen. L’Allemagne renforce ainsi ses contrôles aux frontières pour une durée de six mois, qui pourrait être prolongée.
Selon la réforme du code Schengen entrée en vigueur en mai 2024, ces contrôles ne peuvent excéder deux ans, sauf dans des cas exceptionnels, où ils pourraient être prolongés de six mois supplémentaires. Cependant, avec les élections anticipées prévues en février et la montée probable de la droite (CDU sous Friedrich Merz) et de l’extrême droite (AfD), on peut anticiper des propositions visant à renforcer les contrôles migratoires et les restrictions aux frontières. Ainsi, la réintroduction de ces contrôles montre bien les tensions dans un espace de libre circulation au sein de l’UE.
Schengen, entre ouverture et fermeté
L’expansion de Schengen à travers l’intégration de la Roumanie et de la Bulgarie contraste donc avec les mesures de plus en plus strictes prises par certains États membres comme l’Allemagne. L’objectif d’une Europe ouverte, sans frontières internes, semble se heurter à la réalité d’une crise migratoire persistante et de menaces à la sécurité. Ce paradoxe entre ouverture et restrictions montre que l’espace Schengen doit désormais naviguer sur un fil tendu entre ces deux impératifs.
L’Union européenne, consciente de ces défis, a mis en place des mesures pour renforcer la sécurité tout en cherchant à maintenir la fluidité des déplacements. Parmi ces nouvelles initiatives, l’ETIAS (Système Européen d’Information et d’Autorisation de Voyage), qui permet depuis le début de l’année aux ressortissants de pays non membres de l’UE devront obtenir une autorisation électronique pour voyager dans l’espace Schengen. Ce système, similaire à l’ESTA américain, vise à renforcer les contrôles avant même l’entrée des voyageurs, avec un coût modeste de 7€. Cette mesure devrait permettre d’identifier plus facilement les menaces potentielles avant même leur arrivée sur le sol européen.
Simultanément, le système EES (Entry/Exit System) sera mis en place pour suivre de manière électronique les entrées, sorties et refus d’entrée dans l’espace Schengen des ressortissants de pays tiers. L’objectif est de remplacer le traditionnel tamponnage manuel des passeports par une collecte de données biométriques et administratives, enregistrant les dates et lieux d’entrée et de sortie, ainsi que des informations comme les empreintes digitales et les images faciales. Ce suivi électronique vise à assurer une plus grande rigueur dans les contrôles, tout en accélérant les procédures.
Vers un espace Schengen plus sécurisé, mais toujours aussi libre ?
L’avenir de l’espace Schengen se dessine donc à travers cette quête d’équilibre. D’un côté, l’intégration de nouveaux membres témoigne de la volonté de renforcer l’unité européenne et de promouvoir la libre circulation. De l’autre, les préoccupations sécuritaires et migratoires rendent ce modèle plus difficile à maintenir tel quel. Le défi est désormais de trouver une solution qui permette de garantir à la fois la sécurité des citoyens européens et la préservation des principes fondateurs de libre circulation et de solidarité entre les États membres. L’UE devra naviguer entre ces deux objectifs, en mettant en place des dispositifs comme l’ETIAS et l’EES, tout en répondant aux préoccupations grandissantes des citoyens face à l’augmentation des flux migratoires et aux menaces potentielles.
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