Slovaquie : les élections suivent la tendance européenne du renouveau des extrêmes

, par Tomas Kvasnovsky, traduit par Stéphanie Closjans

Slovaquie : les élections suivent la tendance européenne du renouveau des extrêmes

En novembre 2013, les élections slovaques ont confirmées le nouvel essor des partis populistes d’extrême droite en Europe.

Marian Kotleba, dirigeant du parti ultra-nationaliste « Parti du peuple — Notre Slovaquie » (LSNS) a remporté les dernières élections régionales, faisant ainsi de lui le gouverneur de la région autonome de Banka Bystrica, dans le centre de la Slovaquie. Il a battu au second tour le favori Vladimir Manka – candidat à sa succession du parti social-démocrate au pouvoir (Smer-SD), également député européen. Sa victoire décisive a secoué les experts, les hommes politiques traditionnels ainsi que de nombreux citoyens. Les résultats se sont propagés et Banska Bystrica a reçu une publicité négative de la part de nombreux médias internationaux. L’agence de presse Associated Press a parlé de « Néo-Nazis », Die Welt de « haine anti-Roms », Blick, le tabloïd suisse, d’un « partisan d’extrême droite ».

Avec 71 397 suffrages validés (55,5 %), Marian Kotleba est le candidat ayant reçu le plus de vote au second tour sur tout le pays, juste derrière Pavol Freso, gouverneur de la région autonome de la capitale, Bratislava. Le candidat de l’Union démocrate et chrétienne slovaque (SDKU) a reçu 2 915 votes de plus. Les six autres districts sont revenus au parti Smer.

Kotleba briguait déjà le poste de gouverneur de Banska Bystrica en 2009, mais il était arrivé quatrième aux élections avec 10,03 % des voix. L’histoire était censée se répéter. Selon les prévisions, le gouverneur en fonction, Vladimir Manka, devait être réélu dès le premier tour. Cependant, il n’a reçu que 49,5 % de suffrages valides, tandis qu’avec 21,3 %, Kotleba est devenu son rival au second tour, à la surprise générale.

Pour les autochtones, Kotleba est une personnalité bien connue qui fait partie de la vie politique slovaque depuis 2003. Il s’est présenté deux fois aux élections parlementaires. En 2010, son parti a reçu 1,33 % des votes, et, en 2012, 1,58 %, lui fermant ainsi les portes du parlement. Les experts ont prédit que les résultats de ces élections pourraient nuire au développement de la région car ni les représentants locaux ni le parti au pouvoir ne seraient disposés à coopérer avec lui.   À la rencontre du « petit » Führer

Kotleba est un ancien professeur de 36 ans. Titulaire d’un master en pédagogie et en économie, il a débuté sa carrière politique en tant que dirigeant de l’ancien parti (désormais proscrit) Slovenská Pospolitosť — Národna Strana (Communauté slovaque — Parti national). Sa gestion du parti a d’abord été marquée par son attitude hostile vis-à-vis de la minorité Rom qu’il qualifiait de « parasites tsiganes ». Il a d’ailleurs organisé à diverses reprises des marches et des manifestations anti-Roms. Par la suite, ce sont ses éloges publics qui ont donné le ton : d’une part, celui au gouvernement fantoche nazi qui au cours de la Seconde Guerre mondiale a dirigé la Slovaquie comme un État satellite, et, d’autre part, celui à son président, Jozef Tiso, qui a envoyé des milliers de Juifs dans les camps de concentration nazis. Dans les médias, Kotleba évoque le « soi-disant Holocauste » au sujet du génocide juif.

Les membres les plus radicaux de son parti le surnommaient « Vodca » (Le Führer). Leurs uniformes étaient d’ailleurs très proches de ceux utilisés par l’organisation paramilitaire Hlinkova garda (la Garde de Hlinka), les forces armées gouvernementales pendant l’État fantoche. L’hostilité de ce parti n’était pas seulement dirigée contre le groupe ethnique des Roms mais également contre les Hongrois, les Tchèques, les sionistes, les homosexuels, l’OTAN, la monnaie unique européenne, les immigrants en général et tout qui « représente une menace » contre la nation, l’État ou la culture slovaques. En 2006, la Cour suprême a dissous le parti en raison de ses activités anticonstitutionnelles. Ce dernier s’est alors converti en association de citoyens.

Suite à l’interdiction de son parti, Kotleba est devenu le dirigeant du Parti des amis du vin. Conservant ses opinions et ses alliés, il a transformé ce qui était au départ un petit parti local et frivole aux électeurs frustrés et déçus en parti ultra-nationaliste, le LSNS. Néanmoins, sa rhétorique et son comportement en public ont été édulcorés. Son radicalisme extrême a été tempéré par ses ambitions de réussite politique de telle sorte que le parti se définit désormais comme national et chrétien même s’il tient toujours en équilibre entre nationalisme et néonazisme au vu du parcours et des précédentes activités et déclarations de ses membres.

Le programme électoral officiel préconise une économie verte, une démocratie directe, la protection de la famille traditionnelle, de la sécurité sociale, des valeurs démocratiques d’un état juste ainsi que le soutien aux entreprises privées. Cependant, les déclarations et actions témoignent d’une autre réalité. Les dix commandements du LSNS prévoient notamment le retrait de l’OTAN qui doit être considérée comme une organisation terroriste, l’abandon de la monnaie unique européenne, le rejet des préceptes de Bruxelles et de son fédéralisme ainsi qu’une solution finale au « problème rom ». Au cours de sa carrière politique, Kotleba a été arrêté et poursuivi à plusieurs reprises pour diffamation envers une race, incitation au racisme et propagation du nazisme, mais il n’a jamais été condamné ou sanctionné.

Cet article est réalisé dans le cadre de la préparation aux élections européennes.

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