Un contexte de forte tension sécuritaire
Le sommet s’est déroulé dans un climat sécuritaire européen particulièrement tendu, comme l’a affirmé la Première ministre danoise, Mette Frederisken : « Quand je regarde l’Europe aujourd’hui, je pense que nous traversons la situation la plus difficile et la plus dangereuse depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale ». En effet, le sommet a eu lieu après une série de survols de drones non identifiés au-dessus de sites sensibles au Danemark, contraignant les autorités à fermer temporairement plusieurs aéroports. Le sommet a été placé sous haute surveillance, avec un important dispositif de sécurité, soutenu par des renforts policiers et militaires venus de plusieurs pays européens. Cet incident s’ajoute à des violations récentes de l’espace aérien par des drones au-dessus de l’Estonie, de la Pologne et de la Roumanie. La Russie est soupçonnée d’être à l’origine de ces survols. Les deux principaux sujets de ce sommet étaient la défense du continent européen et le soutien à l’Ukraine, confrontée à l’agression russe depuis plus de trois ans et demi. Il s’agissait également d’aborder l’objectif fixé en mars dernier : une Europe capable de se défendre seule d’ici 2030, dans un contexte marqué par le désengagement potentiel des États-Unis. Le sommet devait aussi permettre d’envisager des solutions pour garantir des financements durables pour l’Ukraine.
Ces derniers mois, les États membres ont déjà intensifié leurs efforts pour renforcer la défense européenne. Plus tôt cette année, ils ont convenu d’augmenter leurs objectifs de dépenses militaires. Pour soutenir cette dynamique au niveau de l’Union, la Commission a créé l’instrument SAFE (Security Action for Europe), doté de 150 milliards d’euros de prêts, destiné à financer des projets conjoints d’armement et de capacités militaires.
Les Vingt-Sept face au défi de la défense européenne
Lors du Conseil européen informel du 1er octobre à Copenhague, la discussion s’est appuyée sur un document de cadrage publié par la Commission européenne,présentant quatre projets phares à financer et à mettre en œuvre : la création d’un bouclier de défense aérienne et spatiale, le renforcement de la surveillance des flancs orientaux, la défense antimissiles et la mise en place d’un « mur antidrones ».
Les discussions ont également porté sur les besoins budgétaires de l’Ukraine pour les années 2026 et 2027. La Commission européenne avait proposé de transférer à l’Ukraine l’essentiel des avoirs russes immobilisés en Europe, soit la somme de 140 milliards d’euros. Kiev serait tenu de rembourser ce prêt de réparation si la Russie lui versait à terme des réparations de guerre. Si la majorité des États membres y sont favorables, la Belgique, qui abrite Euroclear, le dépositaire central de titres qui détient la majeure partie des actifs russes, y est réticente. Le président du Conseil européen, António Costa, a par ailleurs évoqué le 19e paquet de sanctions contre la Russie, qui ciblera les recettes pétrolières, les banques, les cryptomonnaies et la flotte fantôme.
Il a par ailleurs plaidé pour accélérer le processus d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, actuellement bloqué par la Hongrie, en suggérant de remplacer la règle de l’unanimité par un vote à la majorité qualifiée pour l’ouverture des négociations d’adhésion . Cette proposition a toutefois été rejetée par le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, ainsi que par plusieurs pays, dont la France, les Pays-Bas et la Grèce.
La Communauté politique européenne élargit le débat
Le 2 octobre, les Vingt-Sept ont été rejoints par une vingtaine d’autres dirigeants européens pour le septième sommet de la Communauté politique européenne, rassemblant la quasi-totalité du continent, à l’exception de la Russie et de la Biélorussie. Cette réunion avait pour but de poursuivre les travaux entamés la veille.
Les dirigeants ont examiné les moyens de renforcer le soutien à l’Ukraine, de consolider la sécurité en Europe et ont réfléchi aux solutions permettant de rendre l’Union européenne plus forte et plus sûre face aux menaces géopolitiques actuelles. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ainsi profité de ce sommet pour appeler à une défense européenne unifiée et à la mise en place de sanctions plus sévères contre la Russie.
Sur la base des discussions du Conseil européen informel du 1er octobre, la Commission européenne doit présenter, dans les deux semaines suivantes, une feuille de route sur la préparation de la défense européenne à l’horizon 2030. Un nouveau sommet européen se tiendra les 23 et 24 octobre afin de prendre des décisions concrètes et de poursuivre le renforcement de la sécurité et de la défense du continent.

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