L’unité dans la diversité : de l’Empire austro-hongrois à l’Union européenne - commentaires viribus unitis 2009-11-14T23:38:33Z https://www.taurillon.org/L-unite-dans-la-diversite-de-l-Empire-austro-hongrois-a-l-Union#comment7609 2009-11-14T23:38:33Z <p>L'Autriche-Hongrie, un modèle ? Peut-être dans la mesure où elle ne correspond pas à la construction d'un Etat nation. Je pense, sans certitude absolue, que l'Etat-nation a mené aux nationalismes du XX°siècle et à l'exclusion de celui qui n'appartient pas à la nation. La Belgique offre un exemple presque comparable. C'est une sorte d'Autriche-Hongrie miniature et on peut voir que les problèmes ne sont pas moins importants. Je pense que si la Belgique explose, l'idée européenne s'achèvera. Je vous trouve un peu sévère quand vous comparez nos Etats démocratiques d'aujourd'hui à un empire du siècle des nationalismes. N'oubliez pas qu'à la même époque, la République française se lance dans l'aventure coloniale sans trop de scrupules et refuse obstinément de donner le droit de vote à la moitié de la population française. L'Autriche accordait en 1907 le suffrage universel masculin (pas en Hongrie). Elle offrait un espace politique à ses minorités autrement important qu'en Russie et en Allemagne (demandez aux Polonais !). Malgré ses problèmes (blocages, conservatismes, poids des militaires, question slave), l'Empire austro-hongrois s'est battu pendant 4 ans dans la Premiere Guerre mondiale et plus d'un million de soldats de l'armée impériale et royale ont péri sur les champs de batailles. L'Empire ne s'est pas effondré par une révolution et ses différents peuples n'ont jamais été consultés par vote. Le ciment de l'Empire était dans la dynastie et l'empereur, ce que reflétait l'hymne impérial (aujourd'hui allemand). Les peuples d'Europe centrale n'ont plus eu François-Joseph mais ils ont eu Hitler et Staline.. Alors pour l'Europe ? et bien cela va être dure. Pas de dynastie, un idéal de démocratie fragile (sera-t-il aussi fort ?), des Etats souverains et rivaux, un élargissement important, une identité à construire, une classe politique pas très européenne.. les éléments ne penchent pas en faveur d'un renforcement d'une Europe fédérale. Mais après tout, qui aurait imaginé les blocages actuels, il y a 20 ans ? alors j'espère me tromper.</p> L'unité dans la diversité : efficacité vs égalité ? 2008-12-10T13:25:28Z https://www.taurillon.org/L-unite-dans-la-diversite-de-l-Empire-austro-hongrois-a-l-Union#comment5934 2008-12-10T13:25:28Z <p>Merci pour ces précisions. Effectivement la question de l'égalité des peuples est essentielle et j'insiste sur la nécessité de leur reconnaissance. C'est effectivement ce qui manquait aux Autrichiens, mais aussi aux Hongrois qui ont eux aussi malmené leurs minorités (comme les Français à l'égard des Bretons ?!). Pour ce qui est de l'Europe, je pense que c'est plus compliqué. Si l'on repense aux déclarations de J. Chirac à l'égard des nouveaux adhérents en 2003 (?), on voit bien qu'il y a parfois un certain mépris des « grands » par rapport aux « petits ». Mais , ce qui me gêne plus encore, c'est que l'égalité et le respect des souverainetés bloquent l'intégration européenne. L'égalité a ses limites et l'on constate que peu de dossiers avanceraient sans le rôle moteur des principales puissances : France, Allemagne, Royaume-Uni. Les débats sur la réforme des institutions européennes s'articulent autour de cette tension entre exigence d'éfficacité, pondération des voix et égalité des Etats. A cet égard, le système de la double majorité me semble être une solution judicieuse.</p> L'unité dans la diversité : de l'Empire austro-hongrois à l'Union Européenne 2008-12-01T15:47:44Z https://www.taurillon.org/L-unite-dans-la-diversite-de-l-Empire-austro-hongrois-a-l-Union#comment5848 2008-12-01T15:47:44Z <p>Le problème - effectivement - est que l'Empire n'était pas vraiment multinational. Pas en ce qui concerne sa gouvernance, en tout cas. Certains diront même que c'était là un Empire « austro-allemand » soudainement devenu (par le compromis de 1867) un Empire « austro-hongrois » où le royaume « historique » de Hongrie retrouvait là son autonomie.</p> <p>Dans la seconde moitié du XIXe siècle, il aurait sans doute pu devenir un Empire « tri- » voire « quadri-partite » : c'est le sens que l'on peut accorder un tentatives d'autonomisation progressive de la Bohème (dans le cadre autrichien de la Cisleithanie) et de la Croatie (dans le cadre hongrois de la Transleithanie).</p> <p>Mais, ces projets de restèrent longtemps que des velléités sans substance politique véritable. Et que dire des projets de « trialisme » (avec les slaves du Sud comme entité spécifique), voire de véritable fédéralisation de l'Empire ?!</p> <p>Projets dont l'expression la plus abouttie fut - au tout début du XXe siècle (1906) - celle des <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tats-Unis_de_Grande_Autriche" class="spip_out" rel='nofollow external'>« États-Unis de Grande-Autriche »</a> (en allemand « Vereinigte Staaten von Groß-Österreich ») : proposition d'un groupe d'intellectuels regroupés autour de l'avocat et politicien Austro-Hungrois (de culture Roumaine et d'origine Serbe, en serbe Popović) <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Aurel_Popovici" class="spip_out" rel='nofollow external'>Aurel Popovici</a> et réunis autour de l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche (prince héritier impérial) et de son épouse Sophie Chotek (d'origine tchèque) : un projet qui ne fut jamais réalisé.</p> <p>Cela dit, à propos du « loyalisme défaillant » des « peuples minoritaires » (qui - ensemble - formait une belle majorité...) il ne faut rien exagérer non plus. La plupart d'entre eux furent loyaux à l'Empire jusque au-delà même de l'été 1918 (jusque là, les rénégats « indépendanto-séparatistes » y étaient - hormis en Pays tchèque ou en terres serbes - très minoritaires et n'y avaient pas bonne presse...).</p> <p>Un simple petit exemple : la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Caporetto" class="spip_out" rel='nofollow external'>bataille de Caporetto</a> (octobre-novembre 1917) remportée sur les armées italiennes, c'est surtout la victoire des loyales troupes croates, encore et toujours - et jusqu'au bout - fidèles au « roi-empereur » habsbourg.</p> <p>D'ailleurs il me semble qu'il existe également une expression « nostalgique » en langue tchèque (« za rakouska ») qui signifie - entre autres petites choses - que ce n'était finalement pas si mal, « au temps de l'Empire »...</p> L'unité dans la diversité : de l'Empire austro-hongrois à l'Union Européenne 2008-11-27T01:09:33Z https://www.taurillon.org/L-unite-dans-la-diversite-de-l-Empire-austro-hongrois-a-l-Union#comment5834 2008-11-27T01:09:33Z <p>Cher Stéphane,</p> <p>cet article part bien de l'idée communément admise que l'empire multinational habsbourgeois avait tout faux pour tenter de corriger quelque peu cette idée. En nous rappelant que chez nous non plus, tout n'a pas été (n'est toujours pas ?) rose... Les Bretons comme nous s'en souviennent ! Et aussi en tentant de souligner quelques aspects positifs, ambitieux sur le plan fédéraliste, qui caractérisaient l'Autriche Hongrie. Je précise d'ailleurs que nombre de ces aspects positifs ont été obtenus de haute lutte par les libéraux (possibilité de saisir la cour suprème, protection individuelle de tous par l'Etat...) plutôt qu'accordés de bonne grâce par un Kaiser « pas à la hauteur de son époque » (Hamann).</p> <p>Je suis tout à fait d'accord avec toi, l'Autriche Hongrie reste une construction très imparfaite,en aucun cas un modèle directement transposable au niveau européen. Il faut cependant se rappeler des conditions de sa naissance, de la puissance des rapports de force entre nations en Europe à cette époque, et de la force des nationalismes naissants à cette époque. Dans ce contexte, faire cohabiter tant de nationalités différentes dans un ensemble fédéral cohérent pendant un demi siècle sans bain de sang ou relève de l'exploit !</p> <p>On peut donc peut etre apprendre certaines choses de cette expérience. Et tout d'abord, comme tu l'as souligné : le fédéralisme n'est pas possible si il y a domination réelle ou perçue d'une nation.</p> <p>Trugarez, kenavo !</p> L'unité dans la diversité : de l'Empire austro-hongrois à l'Union Européenne 2008-11-26T20:55:46Z https://www.taurillon.org/L-unite-dans-la-diversite-de-l-Empire-austro-hongrois-a-l-Union#comment5833 2008-11-26T20:55:46Z <p>Il y a peut-être une chose que tu oublies dans cet article, c'est l'idée d'égalité entre les peuples. Certes l'Empire Austro-Hongrois était de type fédéral et respectait la diversité linguistique des nationalités qui le composait (et étant breton, je sais de quoi il est question :D ) mais sa faiblesse résidait dans le fait qu'il reposait sur la primauté d'un peuple (ou de deux). Rien que le nom est éloquent : c'est l'Empire Austro-Hongrois, pas Austro-hongro-slovéno-tchéquo etc...</p> <p>La plupart des fédéralistes l'ont souligné après la guerre, le fédéralisme n'est pas possible si il y a domination (réelle ou supposée) d'un peuple sur un autre. Dans ce cas cette dernière est perçue (à tort ou à raison, effectivement les nationalités n'étaient pas si mal loties que celà dans l'empire Austro-Hongrois) comme instrument d'oppression.</p> <p>Ce qui a causé la perte de cet empire, comme celui de l'URSS peut-être, c'est qu'il était l'empire d'un peuple avant tout. Là dessus, on peut dire que l'Europe a bien appris, puisqu'elle a évité ce piège.</p> L'unité dans la diversité : de l'Empire austro-hongrois à l'Union Européenne 2008-11-25T06:50:32Z https://www.taurillon.org/L-unite-dans-la-diversite-de-l-Empire-austro-hongrois-a-l-Union#comment5817 2008-11-25T06:50:32Z <p>A propos du fédéralisation de l'espace danubien dans le cadre de l'empire austro-hongrois, on parlait très rapidement <a href="http://www.taurillon.org/Federalismes-d-Europe#nb3" class="spip_out" rel='nofollow external'>là</a> (Cf. note n°3) : projets des roumains Nicolas Bălcescu (en 1850) puis Aurel C. Popovici (en 1906), du hongrois Lajos Kossuth (en 1851) et du tchèque František Palacký (en 1849).</p> <p>Des projets divers de fédérations d'États-nations, Confédération de nations, « Confédération démocratique de l'Europe orientale », « États fédérés du Danube « , Hongrie fédérale, « États-Unis d'Autriche », « États-Unis d'Autriche-Hongrie », « Etats-Unis de Grande-Autriche » ou « États-Unis du Danube » qui séduisirent jusqu'à l'archiduc Habsbourg et prince héritier autrichien François-Ferdinand (voire son neveu : le futur Empereur Charles, dernier Empereur d'Autriche-Hongrie, en 1916-1918) mais dont aucun de ces projets de fédérations - malheureusement - ne verra jamais le jour.</p> <p>Cf. <i>« Projets de fédérations en Europe centrale (1848-1914) »</i> : un article d'Artur Lakatos (Chercheur et Etudiant - en histoire contemporaine et en relations internationales - de l'Université « Babes-Bolyai » de Cluj-Napoca, Roumanie) ; un document publié dans le <i>« Federalist Debate »</i> et dans le trimestriel <i>« Fédéchoses / Pour le fédéralisme »</i> n°136 du second trimestre 2007 (ici : pp. 20-21-22).</p> <p>Par ailleurs il n'est sans doute pas complètement innocent de constater que l'un des « Pères fondateurs » de l'Europe, dans les années 1920 - l'austro-tchèque Richard Coudenhove-Kalergi, homme cosmopolite s'il en est - est un pur produit de l'aristocratie austro-hongroise, résultat d'une éducation et d'un métissage culturel complexe, spécifique au vieil Empire...</p>