Stand Up For Science : L’Europe, un potentiel foyer pour la recherche

, par Evan Rouxelin, Le Courrier d’Europe

Stand Up For Science : L'Europe, un potentiel foyer pour la recherche
©Unsplash

Le 7 mars 2025, une mobilisation nationale intitulée Stand Up For Science a rassemblé la majorité des villes universitaires françaises, en solidarité avec le mouvement initié aux États-Unis. Ce mouvement avait pour but de défendre la science et la liberté académique face aux menaces croissantes qui pèsent sur la recherche sous l’administration Trump.

Le démantèlement de la recherche étasunienne

Depuis son investiture, Donald Trump a multiplié les attaques contre la communauté scientifique, impactant fortement le domaine de la recherche. Sous la nouvelle administration et le Département de l’Efficacité Gouvernementale (DOGE) dirigé par Elon Musk, la plupart des institutions scientifiques ont subi des coupes budgétaires massives. À commencer par certaines des agences fédérales comme la NASA mais aussi l’USAID, en charge du développement humanitaire, qui a vu ses financements réduits de près de 90%.

La liberté académique des chercheurs a également été restreinte par des politiques de pressions idéologiques. En effet, une censure sémantique a été imposée, interdisant l’usage de certains mots comme “changement climatique”, “justice sociale” ou encore “femme” dans les demandes de subventions scientifiques.

L’Europe, refuge pour l’exil scientifique

Face à cette situation alarmante, l’Europe a l’opportunité de devenir un refuge pour la science et la recherche. Pour soutenir ces domaines, l’Union européenne dispose déjà d’un cadre de financement solide grâce au programme Horizon Europe (2021-2027) qui possède un budget de 95,5 milliards d’euros. Par ailleurs, l’émergence de plusieurs initiatives pourrait renforcer la position européenne.

Philippe Baptiste, ministre français de l’Enseignement supérieur et de la recherche a notamment évoqué l’accueil des scientifiques qui quitteraient le continent américain. En effet, selon un sondage de la revue scientifique Nature, 75% des scientifiques interrogés envisagent de quitter le pays. Par la suite, l’université d’Aix-Marseille a réagi en lançant son programme de recrutement pour ces scientifiques. Doté de 15 millions d’euros, Safe Place for Science a déjà reçu un grand nombre de candidatures et “espère être le déclencheur d’un mouvement national avec d’autres universités françaises, voire européennes”, comme le souligne Éric Berton, Président de l’université d’Aix-Marseille.

Les avantages d’une Europe scientifique

Investir dans la science n’est pas seulement une question de liberté académique mais également de stratégie économique et géopolitique. En effet, le secteur scientifique stimule directement l’économie grâce à son effet multiplicateur via le développement du capital humain. Ainsi selon l’évaluation de l’ancien programme Horizon (2020), chaque euro investi dans le programme aurait rapporté cinq euros de bénéfices aux citoyens de l’UE. Ces investissements ne représentent pas seulement un apport économique mais permettent ainsi à l’Europe de garantir une meilleure qualité de vie à ses citoyens.

Un rapport récent de la Banque mondiale a effectivement démontré qu’investir dans la recherche pourrait aussi permettre de réduire les impacts environnementaux et ainsi sauver des centaines de millions de vies dans les pays en développement. Par exemple, les innovations dans les énergies renouvelables permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre, améliorant ainsi les conditions sanitaires de chacun.

Des difficultés budgétaires notoires

Cependant en France, malgré cet engouement, le secteur scientifique fait face à des déficits budgétaires conséquents. L’historienne Emmanuelle Perez-Tisserant avait notamment dénoncé que le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche avait baissé de 1,5 milliards d’euros en 2024. Ces coupures ont eu un impact significatif avec plus de 60 universités sur 75 qui ont voté pour un budget en déficit pour 2025 et plus de 30 000 places en licence et master qui ont été supprimées. Cette situation a provoqué une vague de mobilisations parmi les étudiants et chercheurs français, faisant écho à la situation de l’autre côté de l’Atlantique. Bien que l’accueil des chercheurs étrangers soit une initiative positive et importante, il est essentiel de soutenir le fonctionnement des institutions locales et ainsi de veiller au financement des étudiants.

En parallèle, les priorités de l’UE ne sont pas tournées vers l’accueil de cette fuite des cerveaux étasuniens. En effet, l’UE a récemment adopté le programme Readiness 2030 qui permettrait à l’UE de se réarmer face aux tensions géopolitiques. Avec un budget de plus de 800 milliards d’euros, ces investissements risquent de détourner les fonds destinés à la recherche et donc à l’accueil des chercheurs.

La mobilisation Stand Up For Science souligne un tournant important pour l’Europe, qui dispose aujourd’hui d’une opportunité de renforcer sa position en tant que foyer mondial pour la recherche. Cependant, elle doit en parallèle supporter ses propres institutions et ses étudiants. Le climat actuel nécessite un équilibre prudent afin de maintenir la pérennité de son propre système.

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