Un immense défi pour la Croatie

, par Jérôme Flury

Un immense défi pour la Croatie
Le Premier ministre croate, Andrej Plenkovic, au Parlement européen en janvier 2020. Source : Daina Le Lardic / © European Union 2020

Présidente pour la première fois du Conseil de l’Union européenne pour le premier semestre 2020, la Croatie fait face à une situation d’une grande complexité et doit gérer une crise majeure au niveau international tandis que le pays a dû faire face à un tremblement de terre le 22 mars dernier.

« Une Europe forte dans un monde de défis. » En prenant la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne pour la première fois de son histoire le 1er janvier dernier, la Croatie se doutait-elle du « défi » qui l’attendait ? Alors que les premiers cas de coronavirus étaient relevés en Chine mi-décembre, le pays ne s’attendait sans doute pas à devoir affronter une telle crise sanitaire. La présidence croate du Conseil a mené diverses réunions dans ce cadre, comme une vidéoconférence le 15 avril avec les ministres de la Santé européens, sous l’égide de Zeljko Plazonic, secrétaire d’État à la santé. Mais cette tâche logistique d’organisation des débats a été bouleversée par le contexte ces derniers mois.

Des priorités retardées

Dernier État à avoir rejoint l’Union, la Croatie avait déjà du pain sur la planche en devant finaliser les négociations sur le nouveau cadre financier pluriannuel, celles du Brexit dont la période transitoire s’achève au 31 décembre tout en réfléchissant à la procédure d’élargissement de l’Union alors que l’Albanie et la Macédoine du Nord avaient été retoquées quelques semaines auparavant. « Nous voulons convaincre ceux qui s’opposent à l’élargissement de l’UE aux Balkans occidentaux », déclarait d’ailleurs sur ce dernier point le Premier ministre croate Plenkovic, se référant au veto du Président français, Emmanuel Macron. Finalement, après une réunion en visioconférence le 26 mars, les chefs d’État et de gouvernement se sont mis d’accord sur l’ouverture de négociations d’adhésion avec la Macédoine du Nord et − sous davantage de conditions − avec l’Albanie.

D’autre part, la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne était l’une des priorités du mandat. Les négociations viennent de reprendre après avoir été grippées pour des raisons évidentes. La pandémie a contraint toutes les discussions à se remodeler. Et le retard s’accumule, comme sur la question du nouveau cadre financier pluriannuel (CFP) et le nouveau budget de l’UE pour les sept prochaines années. Ce cadre devrait forcément voir ses bords s’assouplir après les conséquences économiques désastreuses suite à l’arrêt généralisé d’une grande partie de la production européenne. « Un possible compromis pourrait impliquer de recourir à la fois au prochain budget pluriannuel pour 2021-2027 de l’UE, qui servirait à verser des subventions, et au fonds de relance, qui fonctionnerait sur la base de prêts. », soulignait Reuters le 23 avril.

Une situation nationale très complexe

La Croatie, qui souffre comme tous les autres États d’Europe de l’avancée de la pandémie de coronavirus, a dû également faire face à un tremblement de terre le 22 mars. Une première secousse de 5,7 sur l’échelle de Richter ressentie à 6h24 du matin , suivie d’une autre de 5,3. Ce tremblement de terre est le plus fort dans la région depuis 140 ans. Le centre historique de Zagreb a été grièvement endommagé et des hôpitaux ont dû être évacués.

Une adolescente est morte, des dizaines de personnes ont été blessées et des milliers ont dû être relogées, posant de grandes difficultés dans ces conditions de pandémie. La panique a mis les consignes de confinement à rude épreuve. Outre la gestion de sa présidence du Conseil de l’UE, la Croatie a ainsi déjà dû composer avec une situation fragilisée sur le plan national.

Une nécessité de s’adapter

Cette année devait aussi permettre à la Croatie de se faire connaître grâce à la nomination de la ville côtière de Rijeka comme capitale européenne de la culture 2020. Mais à cause du coronavirus, expositions et événements sont annulés un à un. La ministre croate de la Culture a annoncé qu’un report en 2021 n’est pas envisageable. Le pays n’a pas eu d’autre choix que de faire face à la pandémie en s’adaptant, tant bien que mal, dans tous les domaines.

En janvier, nous nous étions penchés sur le programme de la présidence croate, qui se déclinait en quatre axes : une Europe qui se développe, une Europe qui unit, une Europe qui protège et une Europe qui rayonne. La Croatie a sans doute revu ses ambitions à la baisse et s’est montrée pragmatique. Ainsi, le sommet prévu à Zagreb le 6 mai avec les 27 et les six pays des Balkans qui aspirent à rejoindre l’UE, Serbie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Macédoine du Nord, Albanie et Kosovo, se déroulera à distance, comme le précise La Libre Belgique. « En raison des circonstances épidémiologiques, à l’initiative du Premier ministre croate Andrej Plenkovic, les dirigeants européens ont convenu que le sommet de Zagreb de l’Union européenne et des Balkans occidentaux aura lieu le 6 mai sous forme de vidéo conférence. »

Désormais, il reste un peu plus de deux mois de présidence du Conseil de l’UE à la Croatie. Après la Croatie ce sera au tour de l’Allemagne de prendre ce rôle. Il s’agit cette fois du pays qui a exercé le plus de fois cette présidence, puisque ce sera la treizième fois pour cet État. L’Allemagne n’a n’a cependant pas occupé cette fonction depuis le premier semestre de l’année 2007. Et là encore, les circonstances seront sans précédent.

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