« Qui apprend une nouvelle langue acquiert une nouvelle âme » disait le poète espagnol Juan Ramón Jimenez. Je soutiens cette proposition n°20, car le multilinguisme est la condition sine qua none d’un dialogue, d’une compréhension et d’une coopération plus étroite entre les peuples européens. En France, nous sommes particulièrement en retard sur l’apprentissage des langues, et la réforme actuelle des collèges risque fort d’empirer cette situation. Selon une étude européenne, seuls 14 % des lycéens français ont un bon niveau dans leur première langue étrangère.
Vous avez raison de promouvoir l’apprentissage obligatoire de deux langues étrangères dès le primaire, car la domination généralisée de l’anglais risque également d’appauvrir l’Europe. Il est incompréhensible que chez moi, en Alsace, à la frontière franco-allemande, les jeunes allemands et français parlent entre eux en anglais. Aussi, je pense qu’un enseignement bilingue dès la maternelle, puis l’ajout d’une deuxième langue au primaire dans toutes les classes d’Europe, permettraient d’assurer un multilinguisme véritable, une ouverture à l’autre, une mobilité transfrontalière accrue, des échanges approfondis et la conservation des langues et du patrimoine linguistique européen.
L’Union européenne n’a pas les compétences pour influer sur l’éducation « nationale » des États membres. Cependant, cet enseignement pourrait se faire via un accord intergouvernemental sur le modèle du Processus de Bologne, qui a permis la généralisation du système LMD (Licence Master Doctorat). L’Union européenne faciliterait alors la mobilité des enseignants et des élèves pour aider à l’apprentissage des langues étrangères (comme elle le fait déjà avec Erasmus +), en finançant la mobilité et en standardisant les outils pédagogiques et les compétences professionnelles. Le processus pourrait s’appeler : le processus Charles Quint, lui qui était multilingue et disait : « Je parle espagnol à Dieu, italien aux femmes, français aux hommes et allemand à mon cheval... ! »
1. Le 27 mai 2015 à 12:05, par Alexandre Marin En réponse à : Un « processus Charles Quint » pour l’enseignement des langues en Europe
Quand c’est possible, à la place d’une langue étrangère, il faudrait plutôt, dès la maternelle, un enseignement bilingue français/langue régionale. On gagnerait, à la fois sur le terrain de la découverte de soi (les langues régionales ne sont pas les langues étrangères), et sur celui de la découverte de l’autre (l’apprentissage précoce des langues régionales aide beaucoup, par la suite, à mieux parler, et à moins « baragouiner » les langues étrangères).
Qui plus est, certaines langues régionales sont transfrontalières, comme le Basque, le Catalan, ou le Francoprovençal ( traditionnellement parlé dans la région lyonnaise, dans le Dauphiné, en Savoie, dans le val d’Aôste en Italie, ainsi que dans la quasi-totalité de la Suisse francophone). Ces langues n’en sont que d’autant plus une ouverture sur l’autre qui contribue à forger l’unité des peuples européens, dans la consécration de leur diversité.
2. Le 29 mai 2015 à 11:59, par Jean-Luc Lefèvre En réponse à : Un « processus Charles Quint » pour l’enseignement des langues en Europe
« L’Union européenne n’a pas les compétences pour influer sur l’éducation »nationale« des Etats membres ». Ce dogme est celui de la subsidiarité. Est-elle pour autant coulée dans le bronze éternel ? Pour toutes les matières qui relèvent de l’appartenance communautaire ? Pour la formation des adultes européens de demain ? Pour cet apprentissage linguistique devenu, effectivement, la priorités des priorités ? Si M. CAMERON s’arroge le droit de renégocier les traités, pourquoi d’autres, par frilosité coupable, se priveraient-ils du même droit ? Il est devenu évident qu’il appartient aussi à l’Union européenne de définir (Bildung) la figure du citoyen européen de demain parce qu’il est devenu tout aussi évident qu’à tout confier au frigidaire national, aucune politique intégrée, et donc harmonieuse, ne verra le jour. Tant pis pour nos adolescents ? Après eux, le déluge ? Un peu facile, sauf à considérer qu’en ce troisième millénaire les horizons sont toujours ceux du XIXe siècle ! En quoi le dogme serait-il ainsi menacé, dès l’instant où il s’agit que d’un CADRE dans lequel s’inscrivent les politiques nationales ? Qui dit intégration dit aussi détermination de principes qui orientent les actions de chacun, que cela plaise ou non à M. CAMERON et ses coréligionaires, tous héritiers des traités de 1957.
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