Poznan
C’est la première fois depuis le début du Dignitour que je ne parle pas la langue du pays et que je ne connais personne. La Pologne a également une situation particulière en matière de politique migratoire : elle a reçu moins de 10 000 demandes d’asile en 2022, mais a accueilli plus d’un million de déplacés d’Ukraine, sous le régime de la protection temporaire. Ainsi, à Poznan, tous mes rendez-vous avec les ONG avaient pour objet l’accueil et l’intégration des Ukrainiens.
Dans cette ville, les Ukrainiens ont été hébergés chez des particuliers, dans des hôtels et dans des entrepôts rénovés. On me parle particulièrement de Warszawska, une « auberge » mis à disposition pour accueillir 500 Ukrainiens, dont beaucoup de retraités. L’auverge était toutefois possédée p, par un propriétaire pour le moins négligent : les fenêtres ne se fermaient pas, il y avait de la moisissures, peu d’eau chaude et la nourriture était insuffisante. Cet immeuble a été fermé depuis et les Ukrainiens relogés.
En Pologne, j’étais impressionnée par le nombre de personnes que je rencontrais impliquées dans les questions migratoires. Dès le premier jour, j’ai discuté, dans mon auberge, avec quelqu’un qui avait travaillé dans un centre d’accueil pour les Ukrainiens. Puis, le lendemain, le propriétaire d’un café m’a raconté les dernières tendances du gouvernement du PiS autour d’une soupe au concombre. Le week-end, un garçon rencontré dans un lieu que Googlemaps désigne comme « centre culturel » (qui se trouvait être en réalité un squat anarchiste) m’a expliqué en détail les différentes luttes sociales qui animent les jeunes à Poznan. À Varsovie aussi, chez le coiffeur, une femme ayant travaillé pendant deux ans en aide aux personnes à la frontière biélorusse (qui se perdent souvent dans la forêt côté polonais) m’a raconté son expérience tout en me coupant les cheveux. Bref, une société civile en pleine ébullition sur le sujet.
Varsovie
Une rencontre particulièrement riche, à Varsovie, a été avec la Fondation pour la Somalie. Le fondateur m’a, entre autres, raconté en détail la difficulté de traverser la frontière biélorusse, longée d’un mur de 190 km de long et de 5,5 mètres de hauteur. Du côté biélorusse, les gardes frontières encouragent, voir forcent, les exilés à escalader le mur en y apposant des échelles. Mais la redescente se fait sans échelle. Quelques jours auparavant, trois femmes avaient sauté du mur et cassé leurs jambes. Après leur séjour à l’hôpital, elles seront envoyées en centre de rétention.
La halte dans la capitale polonaise m’a également permis de présenter l’ICE aux membres du European Democracy Youth Network et leur ai distribué nos stickers. À Varsovie, j’en ai collé un peu partout. Je me demande si les Polonais s’arrêteront pour scanner ce QR code #DignityInEurope.
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