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Un monde de foot

5 novembre 2006, 16:51, par Alfredo Pamine

Arnaud Aebischer ; vous faîtes une interprétation biaisée et excessive des conséquences de l’arrêt Bosman (1995). Bis repetitia placent : le football n’a pas attendu l’arrêt Bosman pour connaître certaines dérives. Rappelez-vous la caisse noire de l’AS Saint-Etienne (1982), le scandale OM-VA (1993), et dans un registre plus sombre, la tragédie du Heysel (1985). Et ce ne sont que des exemples. Puisqu’il existe des faits solides tendant à montrer que l’arrêt Bosman n’est pas à l’origine des méfaits que vous dénoncez, vous donnez l’impression de déformer la réalité pour les besoins de votre démonstration.

Comme tant d’autres, vous focalisez essentiellement sur le manque de transparence financière dans le football. Il serait également possible d’évoquer la question des transferts et du rôle des agents de joueurs…

Vous vous doutez que l’ensemble des États membre connaît une législation réprimant l’infraction de blanchiment ou d’autres infractions auxquelles le football peut donner lieu. Vous sous-entendez néanmoins que dans certains États membres, les clubs de football bénéficieraient de certaines largesses.

Mais qu’est-ce qui empêche la fédération européenne (UEFA) autrement dit les fédérations nationales organisées (dont les clubs sont membres) d’exclure les clubs des pays en question ? Si les pratiques que vous dénoncez sont avérées, qu’est-ce qui s’oppose à ce que les clubs dont la gestion n’est pas transparente se voient interdire, par leurs pairs, de participer aux compétitions de la fédération compétente ? Ce n’est en aucun cas l’Union européenne. C’est avant tout, l’absence de volonté des fédérations (et donc des clubs qui les composent directement ou indirectement) de s’autoréguler.

Vous ne diriez pas à un médecin que vous connaissez un remède contre les jambes lourdes alors même que, d’une part, vous n’êtes pas en mesure de vous assurer qu’il a effectivement les jambes lourdes et, d’autre part, ce médecin est probablement le mieux placé pour savoir si ce mal requiert un remède et, dans l’affirmative, pour choisir le remède en question.

Cessez de voir les fédérations sportives (internationale, européenne ou nationales) comme des entités dépourvues de pouvoir. Dans les statuts de l’UEFA, il y a des règles tenant à l’admission, la suspension voire l’exclusion des fédérations nationales membres. L’UEFA a également la faculté de prendre des mesures disciplinaires à l’égard de ses membres mais aussi des clubs et des joueurs. J’ai gardé le meilleur pour la fin : pour pouvoir participer aux compétitions organisées par les fédérations, les clubs doivent obtenir une licence dont la délivrance est subordonnées au respect de conditions sportives, financières et juridiques. La transparence des comptes fait partie de ces conditions…

Dès lors, s’il est admis que les fédérations connaissent un fonctionnement démocratique, il convient d’admettre que la situation actuelle du football résulte en premier lieu de la volonté d’une majorité de membres (fédérations nationales ou clubs). Si l’on suit votre raisonnement, les clubs ayant une gestion saine et transparente accepteraient donc de concourir avec des clubs à la gestion opaque alors même que les premiers, les clubs sérieux, ont la possibilité statutaire de s’opposer à la participation des seconds. De deux choses l’une, soit les clubs qui composent les fédérations nationales sont majoritairement gérés de façon opaque de sorte que les clubs « vertueux » sont minoritaires ; soit l’opacité que vous décrivez est jugée négligeable ou inexistante par des clubs majoritairement gérés de manière saine et transparente.

Vous estimez néanmoins qu’une minorité de clubs est privilégiée par la situation actuelle au détriment d’une majorité. Suggérez-vous que les statuts et le fonctionnement actuels des fédérations ne sont pas démocratiques et donc qu’une majorité est susceptible de se voir imposer des décisions qu’elle refuse ?

Vous croyez également « qu’une spécificité sportive existe, au même titre que l’art ou les "biens culturels" ». Cette analogie ne peut que prêter à sourire. Un art avec des règles du jeu ! Un art envahi de publicités en tout genre ! Plus sérieusement, si spécificité il y a, cela ne peut résulter que de la présence d’une dimension « non professionnelle ». Si ce n’est pas cette pratique amateur, c’est peut-être cette nauséabonde dimension identitaire qu’elle soit locale, nationale ou européenne. Non. En réalité, une manière neutre de percevoir le football professionnel est de le considérer comme un divertissement pour les spectateurs et une activité lucrative pour les organisateurs.

(Au passage, vous avez raison : être attaché à la dimension identitaire du football n’empêche pas « de souhaiter l’émergence d’une culture et d’une peuple européen », au contraire. Amateur de la complexité et à la diversité, je ne suis personnellement attaché ni à la première, ni aux seconds…).

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