Jacques Delors : l’architecte de l’Union européenne

, par Chrystel Andriantsilavo, Le Courrier d’Europe

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Jacques Delors : l'architecte de l'Union européenne
Jacques Delors © Commission européenne

Le mercredi 27 décembre 2023, Jacques Delors décède à l’âge de 98 ans et laisse derrière lui un héritage : l’Union européenne. Père de l’euro, ancien président de la Commission européenne, figure de la gauche française, cet artisan de l’Europe a contribué à façonner l’Union telle que nous la connaissons aujourd’hui.

Les débuts de Jacques Delors

Jacques Delors est un pilier incontournable de la construction européenne. Son influence et son engagement ont profondément marqué l’histoire de l’Union européenne, où il a siégé au poste de président de la Commission européenne pendant trois mandats, de 1985 à 1995, laissant une trace inégalée parmi tous les présidents de la Commission européenne.

Jacques Delors poursuit des études en économie et en droit à la Sorbonne, avant d’intégrer l’École nationale d’administration (ENA). Sa carrière débute dans la fonction publique française, où il occupe différents postes au sein du ministère des Finances. En décembre 1994, il refuse de se porter candidat à l’Élysée, alors qu’il était donné favori à l’élection présidentielle française de 1995.

Un visionnaire de l’Europe

C’est dans les années 1970 que Jacques Delors se tourne vers la politique. Il devient ministre de l’Économie et des Finances en 1981, sous la présidence de François Mitterrand. Son mandat est caractérisé par sa volonté de renforcer la coopération économique au sein de la Communauté économique européenne (CEE).

En 1985, Jacques Delors accède à la présidence de la Commission européenne. Pendant ses trois mandats successifs, il incarne une période de profondes mutations pour l’Europe. Sous sa présidence, l’Union européenne avance vers l’achèvement de chantiers tels que le marché unique, la création de l’euro, la signature des accords de Schengen, la mise en place de l’Acte unique européen et la réforme de la politique agricole commune. Il a supervisé la suppression progressive des barrières commerciales et des restrictions aux échanges au sein de l’Union, favorisant ainsi la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes.

Son héritage le plus marquant reste sans doute le rapport qui porte son nom, le « Rapport Delors », publié en 1989. Ce document préconise une union économique et monétaire pour l’Europe, jetant les bases de la création d’une monnaie unique, aboutissant finalement à la naissance de l’euro en 1999. Cette décision historique a profondément transformé l’économie européenne et renforcé l’intégration économique des pays membres, ce qui vaut à Jacques Delors une reconnaissance internationale et une popularité sans précédent. Il a également mis en avant la politique de cohésion de l’Union européenne, visant à réduire les disparités économiques et sociales entre les régions européennes. Des fonds structurels ont été créés pour soutenir le développement des régions moins développées, favorisant ainsi une convergence économique et sociale au sein de l’Union.

Soucieux de l’Europe des citoyens, Jacques Delors a promu une politique sociale ambitieuse au sein de l’Union. Il a œuvré pour renforcer les droits des travailleurs, promouvoir l’égalité des chances et améliorer les conditions de vie et de travail dans toute l’Europe. Enfin, en tant que président de la Commission européenne, Jacques Delors a aussi joué un rôle crucial dans la promotion de la diplomatie européenne sur la scène internationale. Il a œuvré pour renforcer le poids politique de l’Union européenne et pour promouvoir ses intérêts et ses valeurs dans le monde entier.

Les adieux à l’architecte de l’Union européenne

Jacques Delors laisse une fille, Martine Aubry, qui a suivi les traces de son père dans l’engagement politique en jouant un rôle important dans la vie publique française. Elle fut notamment ministre du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle sous la présidence de François Mitterrand et occupe maintenant le mandat de maire de Lille depuis 2001. Le 27 décembre, elle annonce le décès de son père en précisant que celui-ci s’est éteint « à son domicile parisien dans son sommeil ».

Le vendredi 5 janvier, l’hymne européen, l’Ode à la joie, a retenti dans la cour d’honneur de l’Hôtel national des Invalides à Paris. En effet, une cérémonie d’hommage national à Jacques Delors, présidée par Emmanuel Macron, a été organisée. Celle-ci a réuni de nombreux chefs d’État et de gouvernement européens dans la capitale française. Parmi eux, Roberta Metsola, présidente du Parlement européen, Charles Michel, président du Conseil européen, et Ursula von der Leyen, l’actuelle présidente de la Commission européenne et même l’eurosceptique Premier ministre hongrois Viktor Orbán. Par ailleurs, une cinquantaine de jeunes bénéficiaires du programme Erasmus+ ont assisté à la cérémonie, en clin d’œil à ce pan de l’œuvre léguée par Jacques Delors. Le Président français a en outre salué l’homme qui a contribué à dessiner les contours de l’Europe d’aujourd’hui «  trait par trait  ». À l’heure où se profilent les prochaines élections européennes, la figure emblématique du projet européen incarnée par Jacques Delors a tiré sa révérence et demeure associée à l’idéal européen d’une Europe unie et prospère.

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