21ème édition des Entretiens de Strasbourg du 27 au 29 novembre 2009

20 ans après la chute du Mur de Berlin : Y a-t-il encore des murs à abattre ?

, par Fabien Cazenave

21ème édition des Entretiens de Strasbourg du 27 au 29 novembre 2009

Deux décennies après la chute du mur de Berlin, la thématique des réunifications allemande et européenne est au cœur de la réflexion des Entretiens de Strasbourg du 27 au 29 novembre 2009. Patricia Ruelleux, présidente des Jeunes Européens - Strasbourg, nous présente cet évènement.

Le Taurillon : La 21ème édition des Entretiens de Strasbourg a lieu ce week-end. Quel sera le thème de ces rencontres ?

Patricia Ruelleux : La 21ème édition des Entretiens de Strasbourg s’inscrit pleinement dans l’actualité : la réflexion durant tout le week-end sera consacrée au 20ème anniversaire de la chute du mur de Berlin, l’intitulé exact étant : « 20 ans après la chute du mur de Berlin : y a-t-il encore des murs à abattre ? »

Il s’agira, pour les participants, à la fois de se rappeler du contexte politique d’avant 1989, d’en mesurer aujourd’hui les avancées, et naturellement de s’interroger sur les améliorations possibles du projet européen, de s’interroger sur ces fameux « murs » qu’il reste à abattre....

Le thème du séminaire fera d’abord l’objet d’une approche générale à l’occasion de la conférence d’ouverture le vendredi 27 novembre. Les spécialités de nos intervenants seront ainsi l’occasion d’aborder la question sous plusieurs angles : nous aurons, dans un 1er temps, le regard du Conseil de l’Europe sur l’évolution de l’Europe, par la voix de M. Klaus SCHUMANN, ancien directeur général des affaires politiques du Conseil de l’Europe.

La spécialité de Mme Magdaléna Hadjiisky, maître de conférence à l’IEP de Strasbourg, sera ensuite l’occasion d’aborder la question du ressenti des Pays d’Europe Centrale et Orientale (PECO) depuis leur entrée dans l’UE. Enfin, la question des murs linguistiques en Europe et plus particulièrement des murs à franchir en matière de coopération transfrontalière, sera abordée à travers l’expérience d’un journaliste du quotidien franco-allemand en ligne 2-rives.com.

La journée de travail du samedi sera, quant à elle, consacrée à la question des murs extérieurs, en d’autres termes il s’agira de s’intéresser à la question des frontières de l’Europe. Ainsi, les relations avec nos voisins proches seront examinées lors d’une 1ère conférence le matin avec la docteure polonaise Maliszewska-Nienartowicz.

Les ateliers du samedi après-midi seront, eux, entièrement consacrés à la question de l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne : « UE/Turquie : Pourquoi le mur ne tombe-t-il pas ? ».

La présence de quatre turcologues (M. Stéphane De Tapia, M. Nicolas Monceau, Mme Meral Mélika Duran, Dr Sebastian Ennigkeit), ainsi que celle de Jeunes Européens turcs venus spécialement d’Istanbul, fera sans aucun doute de ces ateliers un des temps forts du séminaire.

Enfin, comme il est de tradition, la matinée du dimanche sera réservée à des échanges entre les membres des Jeunes Européens qui s’intéresseront en particulier à l’avenir de notre thème de prédilection : le fédéralisme.

Le programme complet des Entretiens est consultable sur le site des JE-Strasbourg : www.je-strasbourg.fr.st

Le Taurillon : Les Jeunes Européens - Strasbourg organisent cet évènement avec les Jeunes Européens Baden-Württemberg. Pourquoi ?

Patricia Ruelleux : Les Entretiens de Strasbourg présentent la particularité d’être un séminaire franco-allemand : les personnalités invitées sont françaises ou allemandes et les ateliers de travail sont animés soit en allemand soit en français. Cet état d’esprit a prévalu dès la 1ère édition des Entretiens, et perdure aujourd’hui. Naturellement, cette volonté de partager et d’échanger dans les deux langues s’explique par la position particulière des JE-Strasbourg, localement situés à la frontière de l’Allemagne !

Ainsi, les Entretiens de Strasbourg peuvent être vus comme une traduction concrète de l’amitié franco-allemande institutionnelle. L’amitié franco-allemande, même dans une Europe élargie, ne doit pas être négligée. Le moteur franco-allemand pour faire avancer l’Europe reste, en effet, une réalité. Il doit cependant être vécu sur le terrain, c’est-à-dire ne pas se limiter à des échanges entre Nicolas Sarkozy et Angela MERCKEL, mais être ressenti par nos concitoyens grâce à des échanges, des débats, des discussions communes. C’est bien l’objectif visé par les Entretiens : vivre un événement commun et ce faisant, apprendre à se connaître !!

Le Taurillon : Estimez-vous qu’il y a un mur entre l’Europe et la Turquie en train de se construire ?

Patricia Ruelleux : La Turquie fait peur. Il n’y a aucun doute là-dessus. Certains partis politiques s’emploient d’ailleurs à réveiller ces peurs à l’approche d’échéances électorales. C’est ce qui s’est passé cette année à quelques semaines des élections européennes. A titre personnel, je me bats pour que les gens aillent au-delà de l’image qui est véhiculée sur la Turquie. Je condamne les amalgames qui sont faits entre l’islam, l’intégrisme et la Turquie. Je veux que les gens prennent les arguments un à un avant de se prononcer. On peut effectivement s’interroger sur la dimension religieuse de la Turquie, mais il faut aussi avoir en tête, au moment où l’on entame cette réflexion, que la Turquie est le seul pays, avec la France, à être laic.

C’est donc à travers l’analyse des avancées économiques, juridiques et institutionnelles de la Turquie qu’il faut aborder la question de son entrée dans l’Union Européenne. Car oui, on ne peut pas le nier : il reste des murs à abattre ! Mais il ne suffit pas de s’interroger sur les modalités d’entrée de la Turquie, notamment au regard des critères de Copenhague, il faut aussi s’interroger sur le projet politique de l’Union Européenne. Quelle Europe voulons-nous avec la Turquie ? Les conséquences institutionnelles ne sont pas négligeables. La Turquie, sera, en effet, d’ici 20 ans, le pays le plus peuplé au regard des autres pays de l’UE : dès lors, quid de sa place au sein du processus décisionnel ? Les avancées permises par le Traité de Lisbonne n’ont pas encore appréhendé cette question...

Le Taurillon : Quelles sont les activités tout au long de l’année que mènent les Jeunes Européens - Strasbourg ?

Patricia Ruelleux : Les Jeunes Européens-Strasbourg mènent deux types d’activités. Le 1er type d’activité est plutôt traditionnel : il se traduit par l’organisation de conférences et de cafés européens destinées principalement aux étudiants. Le 2ème type d’activité, plus original, se traduit par des actions de rue. Il s’agit d’aller à la rencontre des gens pour leur parler d’Europe, leur rappeler qu’elle est là, et que non elle ne sert pas à rien !! Dans ce type d’activité, toutes les initiatives sont permises car il s’agit de surprendre le passant pour qu’il s’arrête dans un 1er temps et qu’ensuite il ait envie de discuter. On se rend compte d’ailleurs que le passant a plein de choses à dire sur l’Europe ! Ainsi, l’action de rue organisée cette année pour le 9 mai, a été l’occasion de monter une caravane humaine qui a déambulé dans les rues de Strasbourg, aux couleurs de l’Europe et aux sons des djumbés.

L’action des JE-Strasbourg, pour l’année à venir, se dirige tout naturellement vers l’organisation de « performances » dans la rue, au plus près des citoyens. Je vous donne d’ailleurs rendez-vous à Strasbourg le 9 mai 2010...

Illustration : affiche de la 21ème édition des Entretiens de Strasbourg.

Vos commentaires
  • Le 27 novembre 2009 à 06:26, par Martina Latina En réponse à : 21ème des Entretiens de Strasbourg du 27 au 29 novembre 2009

    Merci au TAURILLON de relayer l’actualité la plus grave et les nouvelles les plus porteuses : à l’état des prisons françaises évoqué dans son précédent article répondait à l’avance l’émergence du microcrédit et s’oppose à présent la thématique du Mur tombé à Berlin que vont traiter les Entretiens de Strasbourg 2009.

    Continuons donc par le dialogue et la synergie de faire tomber des murs, de lancer des ponts, de construire une EUROPE digne de la jeunesse inscrite en son nom (VASTE VUE) comme du TAURILLON qui la porta sur la mer inconnue vers nous de manière qu’elle mette au monde, par ses moyens venus de loin pour nous mener plus loin encore - vers la démocratie, la justice et la paix, l’EUROPE.

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