L’Europe, dans le vent de l’investissement éthique

, par Amélie Gaudinat

L'Europe, dans le vent de l'investissement éthique

Tout le monde le sait, l’Europe se débat dans une crise économique profonde. Tout le monde le sait aussi, c’est la faute de la finance de marché… La finance, presqu’un gros mot aujourd’hui, synonyme de privatisation des profits et de mutualisation des pertes, d’irresponsabilité et de pratiques douteuses. Les requins de la finance rôdent nous dit-on…

Pourtant, face à cette perte de confiance, trois lettres surgissent et tentent tant bien que mal de s’imposer à l’échelle européenne : ISR. Cet acronyme signifiant « Investissement Socialement Responsable » propose une révolution de velours dans le monde des investissements en y incluant une part de notation extra-financière, centrée sur des critères de respect de l’environnement, de responsabilité sociale et de gouvernance. Un investissement à la fois responsable et générateur de profits ? Visant à la préservation des biens publics mondiaux et des valeurs humaines ? On n’ose y croire…

Et pourtant notre projet fait le pari de l’ISR. Partant du constat d’un manque de transparence dans ce domaine, nous proposons avant tout de donner aux investisseurs toutes les informations auxquelles ils ont droit. Nous lançons l’idée de leur dédier une plateforme virtuelle, sur laquelle ils trouveront le nom des principales entreprises dans lesquelles le fonds ISR de leur choix investit, ainsi qu’une évaluation de ses performances extra-financière. Le client prendra de ce fait pleinement conscience de son influence sur la démarche socialement responsable des grandes entreprises.

L’Europe croît en l’ISR

Nous ne sommes pas les seules à croire en l’ISR : l’Union Européenne y croit aussi. Elle y croit pour les investisseurs institutionnels et pour les particuliers. Car cela, tout le monde ne le sait pas, mais le vent de l’ISR souffle sur l’Europe. En effet, le marché des fonds ISR connait une croissance galopante, doublant presque tous les deux ans. On se doute bien que la crise financière ne fait qu’apporter de l’eau au moulin ISR. Concrètement, comment cet intérêt se traduit-il ?

Tout d’abord, les investisseurs institutionnels (banques, assurances…) prennent en compte de plus en plus de nouveaux critères comme par-exemple la protection du climat ou le respect des Droits de l’Homme par les entreprises. Une seconde raison à cet engouement peut-être trouvée dans la pression exercée par les médias et les ONG visant à rendre plus éthiques les investissements. Le web fourmille d’ailleurs de sites de finance solidaire où les entreprises sont évaluées sur ces critères du développement durable. Enfin, les investisseurs particuliers jouent eux-mêmes un rôle en s’intéressant à ce type d’investissements.

Les Pays-Bas, champions européens de l’ISR

Néanmoins, l’ISR reste encore peu accessible et ne connaît pas le même développement partout en Europe. Parmi les champions du « core SRI » (investissement comportant un maximum d’exigences sur les critères extra-financiers, contrairement au « broad SRI), les Pays-Bas sont en tête avec un marché ISR de 41,5 milliards d’euros, suivis du Royaume-Uni avec 30, 5 milliards d’euros. Quant aux croissances les plus fortes de ce marché, les palmes sont décernées à l’Allemagne (3 milliards d’euros), à la France (8, 2 milliards d’euros) et à la Suisse (7 milliards d’euros).

Du progrès donc… Mais l’Europe dans tout ça ? En quoi participe-t-elle à celle nouvelle conception de la finance ?

Vers un code de transparence des entreprises

La principale impulsion vient de l’EUROSIF, le Fond Européen de l’Investissement Social qui est un groupe paneuropéen, crée en 2001, et officiellement soutenu par la Commission Européenne, dans sa mission d’assurer grâce aux marchés financiers un développement soutenable. Il fédère donc autour de lui des fonds de pension, des institutions académiques, des banques, ou encore des ONG, tous acquis à la cause de l’ISR.

L’EUROSIF n’en reste pas à de bons sentiments : elle fait encore mieux en élaborant pour tout l’Union Européenne un code de transparence afin que les entreprises s’évaluent sur des critères éthiques. Ce code fut lancé en 2004, mais semble plus que jamais d’actualité. Il donne en effet des réponses à l’opacité de la finance en fournissant aux clients les clés afin qu’ils puissent faire des choix éclairés et conformes à leurs principes.

En 2008, 50 signataires européens ont adhéré à ce code, ce qui représente déjà 140 fonds ISR, et 600 milliards d’euros d’actifs. Parmi eux, on trouve notamment le CIC, Axa ou encore l’agence de notation Vigéo. 600 milliards d’euros, c’est beaucoup en valeur absolue, mais tellement peu comparée à la totalité des actifs mondiaux.

L’Europe a une longueur d’avance

Enfin, l’impulsion l’EUROSIF confère déjà à l’Europe une longueur d’avance dans l’investissement responsable, en mettant en place tout récemment un logo responsable et éthique apposés aux produits financiers, comparable à un label qualité. On le comprend donc, l’ISR est une des solutions à la crise privilégiée par les européens, mais elle n’en est qu’à ses premiers pas.

C’est pourquoi il faut l’encourager, lui donner toute la crédibilité qu’elle mérite. C’est ce que nous tentons de faire à travers notre projet, et votre soutien nous permettra d’accroître nos chances d’être écoutées par une des plus grandes banques du monde, la Société Générale. Si vous souhaitez en savoir plus sur notre projet, l’enrichir, ou en débattre avec nous, c’est à portée de clic. Aidez nous à faire gagner l’ISR participatif !

Illustration

De gauche à droite : Ségolène, Agathe et Amélie, l’équipe de Sciences-Po Bordeaux qui participe au concours Citizen Act organisé par la Société Générale

Vos commentaires
  • Le 18 février 2009 à 06:29, par Martina Latina En réponse à : L’Europe, dans le vent de l’investissement éthique

    Comme vous le savez, c’est d’abord le personnage d’EUROPE qui « a une longueur d’avance » : si nous portons son nom, c’est parce qu’elle a bien voulu se porter en avant sur la mer obscure et sur un TAURILLON tombé du ciel, puis se poser aux avant-postes d’un futur continent auquel elle transmit les techniques de son peuple phénicien (navigation, alphabet) et, du même coup, son propre nom que nous portons toujours - tant bien que mal ! Notre grand-mère EUROPE aurait bien des raisons d’être fière de ce trio de choc, inventif et généreux, se jouant des frontières et des habitudes, des fractures et des cloisonnements, prêt à changer la crise en chance de renouveau solidaire ! Merci aux ECOfilles, et en avant !

  • Le 20 février 2009 à 11:18, par Emmanuel DUBOIS En réponse à : L’Europe, dans le vent de l’investissement éthique

    Bonjour, j’ai été intéressé par la lecture de votre article. Effectivement, ce type de démarche pourrais devenir particulièrement probante. Reste à la détailler et à la formaliser...J’aimerais en savoir un peu plus sur votre projet, et sur votre éventuel plan d’actions. Vous pouvez par ailleurs consulter mon profil sous facebook. Emmanuel DUBOIS

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