Constat : Un écart grandissant entre les citoyens et le projet d’Europe
Bien des politiques peinent à plaider pour une Europe plus intégrée, voire à prononcer le mot construction européenne, alors que d’évidence, le besoin de « + d’Europe » est urgent.
L’Europe continue à être utilisée par nos politiques comme un bouc émissaire ! Focalisés sur des questions économiques et internationales, nos décideurs ont oublié que le ferment de l’Europe est son peuple et qu’il faut donner du sens à la construction européenne, créer un affectio societatis sinon le risque est grand, à l’intérieur de l’UE, du repli sur soi.
Alors qu’un ressenti de « déficit démocratique » émerge, comment recréer un sentiment « Citoyen » européen ?
Les résultats des Eurobaromètres, dont celui de février 2012, laissent apparaître que les français demeurent encore, mais de moins en moins, majoritairement pro-européens. Cette majorité s’érode, et des interrogations sur le sens du projet sont importantes ; un désir d’être davantage associé au projet émerge. Enfin la montée des populismes se confirme et doit nous inquiéter.
Les résultats du dernier Eurobaromètre font état des réalités suivantes :
Le sentiment à l’égard de l’Union européenne n’est pas négatif. Le citoyen n’est pas dupe et plébiscite une action à échelle européenne, conscient que face aux enjeux, l’échelon Europe est l’échelon d’action à minima mais il souhaite être mieux informé et associé…
1/Quelles mesures pour faire face à la crise ? Le rôle de l’Europe est plébiscité !
2/ Un rôle plus important pour l’Europe est souhaité dans les domaines suivants :
- 87% La recherche
- 86% La lutte contre le chômage
- 86% La protection de l’environnement
- 84% La lutte contre la crise économique
- 78% La protection des consommateurs
- 75% La protection sociale
3/ Un désir d’information est exprimé :
- Vous sentez-vous bien informés sur la vie publique de l’UE ? A 66 % Non
- Selon vous les politiques et les Medias devraient ils parler davantage de l’UE ? A 76%OUI
- La construction européenne nous rend plus forts face au reste du monde ? A 66% OUI (78% en 2009)
- Face à la crise les réponses devraient être apportées au niveau européen ? A 52% OUI- 38% NON-10% les 2 ( 47% en 2009)
- Jusqu’ici les Etats ont fait prévaloir leurs intérêts immédiats plutôt qu’agir collectivement ? A 74% OUI
Autrement dit, la réalité de la construction européenne n’est pas remise en cause, c’est sa Pédagogie qui l’est. Les citoyens ressentent un déficit de Communication et une insuffisante association au projet alors que celui-ci dans le même temps est clairement perçu, à raison, comme limitant de plus en plus la souveraineté nationale… Près de quatre Français sur cinq (78%) considèrent que la construction européenne se fait sans que les peuples soient suffisamment consultés.
Il est temps d’agir , d’expliquer ce que l’Europe apporte et revoir la pédagogie et la communication, faire que les citoyens se sentent concernés
L’Union européenne est démocratique : elle s’est dotée d’un système institutionnel ouvert aux pouvoirs et contre-pouvoirs et transparent et d’un système de droit afin que les droits de l’homme et du citoyen soient respectés.
C’est l’implication citoyenne (cf. taux de participation aux élections européennes) qui pose problème. L’UE a créé des Droits pour le citoyen européen mais a échoué dans la création d’une opinion publique.
Si l’on examine les éléments de citoyenneté européenne, on constate que :
- La citoyenneté politique (dimension « civique) existe : les ressortissants de l’UE ont le droit d’élire et d’être élu aux municipales, le droit d’élire des députés européen au SUD, un droit de pétition au Parlement, le droit de plainte au médiateur, le droit de contester l’action d’un Etat (contentieux préjudiciel et plainte pour manquement) et désormais le droit d’initiative citoyenne, …
- La citoyenneté civile (affirmation du principe d’égalité devant la loi) est un acquis : droit de circuler et de s’établir librement sur l’ensemble du territoire européen avec des modalités assouplies pour la zone Schengen. La possibilité d’y évoluer en relative sécurité, de s’y voir reconnaître les mêmes droits que les résidents du pays d’accueil, droit de représentation consulaire et protection diplomatique et consulaire dans les pays tiers.
- La citoyenneté sociale également : protection des droits de la personne et consécration de droits collectifs (cf. Charte et jurisprudence de la Cour de Justice de l’UE)
Nous devons être fiers d’être européens !
Une meilleure conscience du haut niveau de démocratie sociale que porte le projet européen pourrait renforcer l’estime de soi des populations européennes. Des débats publics doivent intervenir sur le projet de l’UE et à échelle l’UE (vision commune des familles politiques). De nouveaux éléments de gouvernance doivent être construits, avant de rêver à un Président de la Commission élu par les peuples d’Europe : renforcer le rôle des parlements nationaux sur le processus comme cela est prévu par le traite de Lisbonne, encourager le débat au sein des partis politiques…
Redéfinir le rapport du citoyen à la nation
- Expliquer que le projet d’Europe transcende les notions de Nation, de race, de religion, d’Etat sans les éliminer. Un lien substantiel avec le citoyen est proposé à partir de valeurs citoyennes collectives, au-delà de l’appartenance à un seul Etat-nation !
- Créer le désir de vivre ensemble en assumant nos diversités, la fierté partagée d’être européen comme un message de tolérance à l’égard du monde. Les européens, et particulièrement les Français ne sont pas assez conscients que l’Europe est enviée de l’extérieur, parce qu’elle a réussi à bâtir une Communauté des peuples, à préserver la démocratie et la paix. Elle représente un idéal politique. Est-ce négligeable d’avoir construit et de maintenir une zone de paix et de droits de l’homme alors que la guerre est partout, que les droits sont reniés, que des femmes meurent lapidées, que des enfants travaillent à 8 ans ? Est-ce négligeable d’avoir créé un espace de respect des diversités, porteur d’un message de tolérance à l’égard du reste du monde ?
Qu’est ce qui selon vous crée un sentiment citoyen européen (Eurobaromètre, février 2012) ? 57% La démocratie et le respect des droits de l’homme. Interrogés sur leur sentiment d’appartenance identitaire, six Français sur dix affirment se sentir à la fois français et européen, tandis qu’environ trois Français sur dix (31%) disent se sentir français mais pas vraiment européen.
Démontrer qu’au-delà d’un Marché, l’Europe est un projet porteur de solidarités
Le Marché Unique est trop souvent réduit à un espace de libre échange à échelle de l’Europe ; il est pourtant, depuis l’origine du projet conçu comme porteur de cohésion et doit plus que jamais continuer à constituer « notre espace commun de Solidarités ». …Tout ce qui aide à la mobilité géographique, aux échanges, à la solidarité (entre Etats, entre générations, entre plus aisés et moins aisés…) constituent le fondement d’une Europe plus intégrée (sans être uniforme) apte à mieux faire comprendre sa richesse aux citoyens, à développer son potentiel économique et s’affirmer à l’extérieur.
1. Le 28 octobre 2013 à 11:00, par Jacques P. En réponse à : Recréer un sentiment citoyen en Europe
Alors, quelles solutions sont proposées pour renforcer le sentiment européen ?
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