Communiqué de presse

Université d’Automne 2010 « L’Europe que nous voulons »

, par Christian Philip

Université d'Automne 2010 « L'Europe que nous voulons »

Le Mouvement Européen-France a tenu du 12 au 14 novembre à Bordeaux son Université d’Automne. Ce rendez-vous annuel a rassemblé plus de 200 participants, cadres du Mouvement Européen-France et des Jeunes Européens-France mais aussi grand public bordelais attiré par la thématique des débats consacrés cette année à la gouvernance politique et économique de l’Union européenne, autour d’intervenants prestigieux tels que Pat Cox, Président du Mouvement Européen International, Alain Juppé, Maire de Bordeaux, Alain Lamassoure, Député européen, Olivier Ferrand, Président de Terra Nova, Pierre Defraigne, Directeur exécutif de la Fondation Madariaga - Collège d’Europe, Jean-Claude Thébault, Directeur Général du BEPA et Francis Mer, Ancien Ministre de l’Economie.

Le Mouvement Européen-France (ME-F) a tenu à Bordeaux les 13 et 14 novembre son Université d’Automne annuelle. Elle a réuni plus de 200 cadres du ME-F et des Jeunes Européens.

L’Université d’Automne a accueilli M. Pat Cox, Président du Mouvement Européen International. Il a appelé à ce qu’après avoir construit l’Europe, nous sachions aujourd’hui construire des Européens. Tel doit être l’objectif des Mouvements Européens des pays membres. Pour ce faire, il faut en particulier, dès 2014, organiser dans d’autres conditions les élections au Parlement européen, « européaniser » cette élection. Il faut aussi mobilier les jeunes Européens qui auront à relever ce défi de vivre en européens.

L’Université d’Automne avait pour problématique la gouvernance ; économique et politique. Une bonne gouvernance n’est pas une question théorique ou idéologique, mais une condition de l’existence d’une Europe crédible et d’une Europe que nos concitoyens puissent s’approprier. Une bonne gouvernance est une condition pour faire face à la montée du populisme et de la tentation nationaliste du repli sur soi. Le Mouvement Européen-France condamne tous ceux qui en Europe donnent corps à une telle évolution, ceux qui veulent profiter de la crise à cet effet. Il faut expliquer que l’Europe est au contraire la seule solution aux problèmes économiques et financiers d’aujourd’hui.

Il ne s’agit plus de débattre d’un nouveau traité institutionnel. Cela reviendra le moment venu. Il faut organiser la bonne gouvernance dans le cadre du Traité de Lisbonne. Il faut exiger des Etats qu’ils cessent de se réfugier derrière le débat institutionnel et fassent fonctionner l’Europe avec les règles qu’ils ont voulues. Comme l’a dit Alain Lamassoure présent à cette Université d’Automne, pas de gouvernance économique si l’Union européenne reste « un nain budgétaire ». Il faut à la fois une restructuration du budget en le consacrant d’abord à des investissements d’avenir et sur cette base justifier son augmentation. On ne peut à la fois dire que l’Europe est nécessaire, mettre en commun des compétences et refuser le budget pour les exercer. Il faut recréer de vraies ressources propres. Le Mouvement Européen-France va mobiliser autour du prochain débat sur les ressources européennes après 2013. Comment le citoyen européen peut-il s’approprier l’Europe quand, faute de ressources, elle ne peut être l’instrument d’une solidarité ? Il ne s’agit pas d’ajouter de nouvelles dépenses mais de mener, parce que politiques communes, des politiques qui éviteront des actions nationales concurrentes et dépensières, et de coordonner vraiment les politiques budgétaires nationales pour qu’elles soient réellement au service des objectifs définis en commun.

La gouvernance c’est aussi montrer aux citoyens européens que l’Europe n’est pas la technocratie perçue, le système qui réglemente et punit, mais un instrument nécessaire si on l’organise pour trouver des solutions devant la montée des inégalités et des exclusions. L’Europe, c’est la solution et pas le problème comme on le fait croire.

La gouvernance économique ne s’organise pas assez vite et ne va pas assez loin. Le ME-F se félicite des avancées obtenues ces derniers mois. Elle se concrétise, il faut le souligner. Mais maintenant il est urgent de mettre effectivement en oeuvre les mesures annoncées. Les Jeunes Européens ont tenu à souligner particulièrement l’importance d’une action par rapport aux dettes des Etats.

La gouvernance économique implique une gouvernance politique. Celle-ci doit s’inscrire dans le cadre d’un monde multipolaire et en fonction de la nécessité pour l’Europe d’exister au plan international. A ce propos, les rôles respectifs du Président du Conseil européen, du Président de la Commission européenne et de la Haute Représentante pour les Affaires étrangères et la Politique de Sécurité ne manquent pas d’interroger. Cette gouvernance politique n’est pas rendue impossible par l’élargissement, un élargissement inévitable et positif, mais au contraire en est devenue une nécessité. Comme l’a dit Alain Juppé lors de cette Université d’Automne, « on n’est pas allé si loin pour ne pas aller plus loin ». Cette gouvernance politique, comme la gouvernance économique, existe. Ce qui lui manque, c’est avant tout la volonté politique d’agir ensemble et ce n’est pas tel ou tel déficit de type institutionnel. Ce qui lui manque c’est davantage de démocratie et de transparence. Nous avons l’essentiel des outils, nous n’en sommes plus à une Europe « technique » pour reprendre les mots d’Olivier Ferrand, présent à Bordeaux. Encore faut-il savoir et vouloir utiliser ces outils. Encore faut-il donner aux citoyens européens un vrai pouvoir de choix et de contrôle de ceux maniant ces outils. Encore faut-il faire comprendre et accepter qu’une Europe politique signifie Europe fédérale même si ce fédéralisme est un fédéralisme sui generis car fédération d’Etats nations comme l’a dit Jacques Delors. La place du Conseil européen, le collège des Etats-membres, n’est pas incompatible avec une Europe de type fédérale si on a aussi un Parlement européen reconnu et exerçant pleinement son pouvoir législatif et de contrôle, si également on ne paralyse pas le Conseil par l’unanimité impossible à 27, si effectivement en 2014 l’élection du Parlement européen permet de désigner le futur Président de la Commission. Une Europe confédérale, c’est une Europe condamnée à la paralysie. Une Europe fédérale, ce n’est pas une Europe qui ignore la légitimité des gouvernements des Etats membres mais qui organise et respecte celle des peuples européens. Le combat n’est plus juridique, a dit Olivier Ferrand, il doit être déplacé dans les partis politiques. A eux d’utiliser le Traité de Lisbonne et de faire des élections de 2014 le véritable acte de naissance d’une gouvernance politique.

L’Université d’Automne du Mouvement Européen-France a aussi permis d’approfondir la réflexion conduite par les groupes de travail internes au Mouvement (énergie/climat, défense européenne, médico-social/santé, politique régionale et fonds structurels). En particulier, le ME-F a mis la dernière main à un document intitulé « l’Europe que nous voulons » qui sera présenté en Bureau du ME-F le 13 janvier prochain. Ce document a pour objectif de préciser la vision que le ME-F défend. Nous avons également lancé une réflexion sur les adaptations à apporter à l’organisation du ME-F pour qu’il soit davantage en mesure d’agir (« Le ME-F que nous voulons »).

Parce qu’une Europe forte et puissante, une Europe à terme vraiment fédérale, est une nécessite absolue, le Mouvement Européen-France continuera à chercher à en convaincre nos concitoyens. L’heure n’est pas au doute mais à l’action. Les difficultés économiques d’aujourd’hui, la mondialisation exigent plus d’Europe et certainement pas le renoncement. Il est urgent que l’Union européenne se donne « une feuille de route », des objectifs précis et concrets. C’est seulement ainsi que l’on permettra au citoyen européen de se ré-approprier le projet européen.

Christian PHILIP, Président du Mouvement Européen-France

Illustration : les intervenants de l’Université d’automne du Mouvement Européen-France, avec de gauche à droite : Pierre Defraigne, Directeur exécutif de la Fondation Madariaga et enseignant au Collège d’Europe, Alain Lamassoure, Député européen et Président de la Commission des budgets, Christian Philip, Président du Mouvement Européen-France, Francis Mer, Président du Conseil de surveillance de Safran, Ancien ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, Jean-Claude Thebault, Directeur Général du BEPA, et Pierre-Jean Verrando, Président des Jeunes Européens-France

Source : Kevin Perrottet

Vos commentaires
  • Le 23 novembre 2010 à 10:03, par HR En réponse à : Université d’Automne 2010 « L’Europe que nous voulons »

    Bravo Monsieur le Président,

    C’est un magnifique exercice de style dans la catégorie langue de bois purement incantatoire et totalement dénué de portée concrète en quelque domaine que ce soit.

  • Le 23 novembre 2010 à 22:54, par Marc-Antoine Coursaget En réponse à : Université d’Automne 2010 « L’Europe que nous voulons »

    La conclusion me semble pourtant plutôt claire : "Parce qu’une Europe forte et puissante, une Europe à terme vraiment fédérale, est une nécessite absolue, le Mouvement Européen-France continuera à chercher à en convaincre nos concitoyens. L’heure n’est pas au doute mais à l’action. Les difficultés économiques d’aujourd’hui, la mondialisation exigent plus d’Europe et certainement pas le renoncement. Il est urgent que l’Union européenne se donne « une feuille de route », des objectifs précis et concrets. C’est seulement ainsi que l’on permettra au citoyen européen de se ré-approprier le projet européen.". Mais peut-être avez-vous un commentaire un peu plus précis à formuler..?

  • Le 24 novembre 2010 à 07:32, par Valéry En réponse à : Université d’Automne 2010 « L’Europe que nous voulons »

    Cet article est une synthèse attirant l’attention sur plusieurs jours de conférences et de débats. Il n’a pas vocation à en détailler le contenu naturellement mais à en souligner la tendance.

    Je suis assez satisfait pour ma part de constater que le nouveau président du Mouvement Européen en France n’ait pas peur de souligner l’ineptie d’une Europe confédérale - celle que défend notre gouvernement conservateur et son opposition socialiste.

    J’attend toutefois pour le détail de lire le document promis pour janvier.

  • Le 24 novembre 2010 à 11:55, par DAM En réponse à : Université d’Automne 2010 « L’Europe que nous voulons »

    Cette page est fort intéressante. Je rêve de voir se multiplier ce type de rencontre. Nous avons, en France, un tel manque d’occasions de rencontres, d’échanges. Bravo à vous. DAM

  • Le 24 novembre 2010 à 13:48, par HR En réponse à : Université d’Automne 2010 « L’Europe que nous voulons »

    Merci d’avoir repris ce passage, qui résume ce que j’écrivais dans ma réaction. Qu’est ce que ça veut dire "le Mouvement Européen-France continuera à chercher à en convaincre nos concitoyens" ?

    "L’heure n’est pas au doute mais à l’action.". Oui, mais quelle action ? En tous les cas, l’heure n’est plus aux formules incantatoires mais aux propositions concrètes. Parce qu’on ne va pas continuer ainsi à passer une décennie, comme on vient de la faire au cours de la décennie passée, à explorer le fossé "qui se creuse", entre l’Union Européenne et ses citoyens.

    Et enfin, de quoi s’agit-il ? De permettre "au citoyen européen de se ré-approprier le projet européen." ? Ou "que l’Union européenne se donne « une feuille de route », des objectifs précis et concrets." ? Parce qu’on ne peut pas mettre les deux choses dans la même proposition. C’est soit l’un, soit l’autre. Comme l’a démontré l’Union Européenne avec la terrible défaite que constitue la "feuille" de route" et les "objectifs précis et concrets" des dix dernières années, qui a abouti à la "Constitution" appelée aujourd’hui traité de Lisbonne", qui a convaincu la majorité des citoyens que l’Union Européenne ne leur appartenait pas.

    Et un peu plus d’un an près son élection, le Parlement Européen, seule institution de l’Union Européenne à prétendre "représenter" les citoyens, a surtout tout fait pour les convaincre que l’Union Européenne est très loin. Il suffit de penser que les seuls députés européens clairement identifiés en France aujourd’hui, c’est Eva Joly, Daniel Cohn-Bendit, Jean-Luc Mélenchon et Rachida Dati, qui ne semblent avoir manoeuvré pour être élus que pour trouver un apanage d’où financer leurs projets politiques nationaux !

    Cette langue de bois que je reproche au "Président du Mouvement Européen-France" n’a qu’une finalité. Masquer que le problème politique désormais en Europe est dans un choix entre cette Union Européenne et les citoyens de l’Union Européenne.

    Si, mais évidemment ce ne peut être le choix du Président, il s’agit de proposer quelque chose qui "permettra au citoyen européen de se ré-approprier le projet européen.", ce sera automatiquement une remise en cause des institutions politiques de l’Union Européenne. Je me garderai bien, parce que ce serait en pure perte, d’en citer une seule.

    Il ne s’agit donc pas de cela ici mais uniquement de proposer "« une feuille de route », des objectifs précis et concrets", et donc une proposition de service à l’actuelle Union Européenne qui ne mènera à rien de concret sur le plan politique, puisque le fossé entre l’Union Européenne a déjà été exploré dans ses moindres recoins.

    Pour conclure, je reprends une autre déclaration d’intention que vous n’avez pas relevé. "Une Europe fédérale, ce n’est pas une Europe qui ignore la légitimité des gouvernements des Etats membres mais qui organise et respecte celle des peuples européens."

    Disons d’abord que c’est totalement faux, et surtout diaboliquement pervers sur le plan politique. En organisant une fausse dialectique entre "la légitimité des gouvernements des Etats membres" d’une part et "celle des peuples européens", la langue de bois réussi à réduire les citoyens de l’Union Européenne à 27. Il y aurait d’un côté 27 Etats et de l’autre 27 "peuples", si je pars du principe, qui me paraît évident, que le Président du Mouvement Européen-France ne compte pas, au hasard, le "peuple de Septimanie" parmi ses "peuples".

    Pour reprendre vos termes, la conclusion du Président du Mouvement Européen-France me paraît plutôt claire, si on veut bien la relire entre les lignes. Sa langue de bois exprime une chose. Au lendemain du catastrophique épisode politique de la "Constitution" Européenne, le Mouvement Européen-France ne parvient pas à être un Mouvement Fédéraliste, parce qu’il préfère s’appuyer sur les actuelles institutions politiques antidémocratique de l’Union Européenne plutôt que sur ses 500 millions de citoyens.

    Dans la conclusion que vous avez relevé, il y a certes des "concitoyens", mais le citoyen européen se conjugue au singulier. Pour que le Mouvement Européen-France devienne fédéraliste, comme moi, par exemple, il va devoir se décider à le conjuguer au pluriel.

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