DiEM25, acronyme singulier pour Democracy in Europe Movement 2025, est un jeune mouvement paneuropéen d’à peine six mois mais qui, pourtant, trouve toute sa légitimité et son importance dans le contexte actuel. Son credo est simple : l’Europe se démocratise ou elle se désintégrera. Avec un leitmotiv résolument prophétique et en prise avec l’actualité récente, le mouvement pourrait bien dans les semaines qui viennent faire entendre ses propositions pour que l’Europe se reconnecte avec les Européens et désamorce sa lente mais dangereuse désintégration.
Le mouvement se concentre autour de propositions simples et pragmatiques pour dégager les horizons européens, propositions expliquées dans un manifeste traduit en onze langues et qui se déclinent en plusieurs chapitres d’application.
La première se concentre sur la transparence des décisions prises et des acteurs du processus décisionnel européen, via des diffusions en streaming des réunions du Conseil de l’Union européenne [1], du Conseil ECOFIN [2] ou encore de l’Eurogroupe [3], mais aussi un registre obligatoire des lobbyistes, une diffusion des documents concernant les décisions cruciales quant à l’avenir des citoyens européens et la publication, quelques semaines après leurs tenues, des comptes rendus des principales réunions de la BCE. Et ce, à partir d’aujourd’hui. Une demande soutenue par plus de 70 000 Européens et Européennes ayant signé la pétition de DiEM25 adressée à Donald Tusk, président du Conseil européen, Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, Jeroen Dijsselbloem, président de l’Eurogroupe ou encore Mario Draghi, président de la BCE.
Dans l’année qui vient, le mouvement veut élaborer un plan offensif pour lutter contre la crise économique en cours sur notre continent en travaillant sur quatre domaines : la dette publique, les banques, le manque d’investissements et la montée de la pauvreté.
D’ici 2018, DiEM25 demande à ce qu’une nouvelle assemblée constituante soit réunie. Une assemblée élue via des listes transnationales qui aura pour tâche de transformer et de démocratiser l’Union européenne. Une proposition qui ne manque pas de faire écho au processus initié par le Parlement de Francfort, réuni en 1848 et qui avait pour but de rédiger une constitution unifiant les 38 États allemands de la Confédération germanique, puisque, notamment, cette assemblée devra proposer une nouvelle constitution qui remplacerait tous les traités européens existants tout en veillant au respect de l’autodétermination nationale et au partage du pouvoir entre un parlement européen, les parlements nationaux et les conseils régionaux et municipaux afin que chaque problème soit traité à la bonne échelle. Les décisions de cette assemblée devraient ensuite être mises en œuvre à l’horizon 2025, dont cette constitution européenne.
Utopique, ce mouvement l’est et l’assume. Le rêve européen est désenchanté, DiEM25 fait le pari de le relancer. Le mouvement a suscité un véritable engouement à la suite de sa présentation en février 2016, au théâtre Volksbühne de Berlin, entraînant plus de 17 000 membres à le rejoindre. Il faut tout de même admettre que sa figure emblématique et représentative demeure Yanis Varoufakis, l’ancien ministre grec des Finances du gouvernement Tsipras, même si d’autres personnalités contribuent à donner du souffle à ces idées, comme le réalisateur britannique Ken Loach, Julian Assange, fondateur de Wikileaks, le penseur allemand Boris Groy et l’intellectuel italien Toni Negri, sans oublier, entre autres, la sociologue néerlando-américaine Saskia Sassen et le français Julien Bayou, porte-parole du parti vert français EELV.
Si le mouvement n’a sans doute pas la solution à la crise européenne, il a tout du moins le mérite de proposer des idées et un calendrier pour réformer l’Union européenne. Certes, le mouvement est loin d’être en position de mettre en application ses idées et s’apparente aujourd’hui davantage à un think tank populaire européen cherchant à promouvoir ses idées qu’à tout autre chose mais c’est le genre d’initiative dont l’Europe semble avoir viscéralement besoin, aujourd’hui bien plus encore qu’hier.
Il ne reste donc plus qu’à espérer que dans les nécessaires tractations à venir pour changer l’Union, nos dirigeants eux-aussi décident de Carpe DiEM25.
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