L’évolution du conflit syrien : un bilan nuancé
Un constat définitivement mitigé, sinon négatif, s’impose … Aucun progrès n’a été réalisé quant à la libération des prisonniers politiques (comme le rappelle l’ALDE - Marietje Schaake). « La corruption est endémique, et l’économie de guerre est une source de survie pour énormément de syriens. Le retour des réfugiés sur leurs terres n’est pas un espoir soutenable sur le court-terme » (Johannes Hahn). Enfin, le Parti populaire européen (PPE) souligne que la Syrie se trouve au rang des régions où sévit une intense persécution contre les chrétiens (Francisco José Millán Mon).
Johannes Hahn évoque tout de même une note positive, incarnée dans l’aide humanitaire. Celle-ci a pu atteindre le Camp Ruqban, sur les rives du Jourdan, prenant ainsi soin des femmes et enfants syriens luttant pour leur survie.
Indéniablement, l’annonce du retrait des forces étasuniennes en décembre 2018 a donné lieu à une nouvelle phase du conflit. Motif du retrait avancé par Donald Trump ? La défaite de Daesh, dont nombre de spécialistes récusent la réalité (tel que le rappelle l’ALDE - Marietje Schaake).
La collaboration UE-ONU comme « seule alternative »
Pour Johannes Hahn, selon l’UE, seule une solution négociée sous les auspices des Nations Unies semble pouvoir mettre un terme au conflit. D’où le processus de Genève, visant à apporter la paix, la sécurité et la stabilité dans la région. Se traduisant en différents cycles de pourparlers, ce processus a débuté en 2015 après l’adoption de la Résolution 2254 par le Conseil de Sécurité.
En effet, l’UE, seule, ne permet pas d’entrevoir la fin de la crise. Elle a du renoncer à une partie de son implication en Syrie, du fait du retour d’Al-Qaïda au Nord-Ouest et au Sud de la Syrie. De plus, selon les termes du GUE/NGL (Miguel Urbán Crespo), la pratique d’accords préférentiels avec la Turquie va à contre-courant de la volonté de résolution du conflit. Par ailleurs, le PPE récuse les sanctions décidées par l’UE, affectant tant les syriens « normaux » (György Hölvényi) que les criminels. Les groupes politiques usent ainsi de qualificatifs péjoratifs pour l’UE : « une organisation défaillante » (NI - Sotirios Zarianopoulos), « symptomatique de l’hypocrisie de la communauté internationale » (GUE/NGL - Miguel Urbán Crespo), « essayant de se donner bonne conscience via l’aide humanitaire » (S&D - Elena Valenciano), « agissant plus en payeur qu’en acteur » (ALDE - Patricia Lalonde).
L’UE tente cependant de dépasser ses failles et garde foi dans le Processus de Genève. Johannes Hahn le répète : la contribution européenne à la résolution du conflit est conditionnée par la mise en place d’une transition politique en Syrie. Federica Mogherini est en contact étroit avec Geir Pederson (envoyé des Nations Unies pour la Syrie). Pour soutenir la démarche, l’UE, conjointement avec les Nations Unies, accueillera la IIIème Conférence de Bruxelles pour soutenir le futur de la Syrie et de sa région. Le Parlement européen à Bruxelles sera également l’hôte d’une journée de dialogue. Ministres, ONG, représentants de la société civile syrienne, libyenne, jordanienne et turque seront conviés. L’implication croissante du peuple syrien est un objectif de l’UE, pour une Syrie démocratique et inclusive.
La position de l’UE : entre pragmatisme et espérances
L’UE doit maintenir son engagement, et ne donnera aucune légitimité au régime syrien tant que les droits de l’Homme et les lois humanitaires seront bafoués. La résolution du conflit doit prendre en compte les rêves, les préoccupations et le futur du peuple syrien ; tout autant que l’autonomisation ou émancipation des femmes syriennes. C’est sur ce propos que Johannes Hahn conclue, ajoutant une note pragmatique. Beaucoup de syriens ne retourneront pas chez eux dans un futur proche, « que cela nous plaise ou non » : nous devons donc soutenir les communautés et les pays d’accueil.
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