Construite en 537 par les byzantins, Sainte Sophie est sans aucun doute un des symboles les plus importants de la ville du Bosphore. A l’image de la ville, le monument a connu de multiples souverains, sans pour autant perdre son importance au fil du temps. A chaque souverain, le monument se voyait doté d’un nouveau rôle, en fonction des intérêts de celui-ci. Ainsi, Sainte Sophie a été cathédrale byzantine, grecque-orthodoxe, mosquée, jusqu’en 1935 où elle est devenue musée, sous Kemal Atatürk. La mosquée-musée, ainsi que de nombreux bâtiments de l’Istanbul historique sont inscrits au Patrimoine Mondial de l’Humanité.
Récemment, le président de la république turque, Recep Tayyip Erdogan, réputé pour son conservatisme, son nationalisme et son islamisme a pris la décision de reconvertir le Musée en Mosquée, idée déjà exprimée en 2018. Tout l’Occident a réagi à cette idée, et ce pour deux motifs principaux.
Parmi ceux-ci, un premier groupe prédominant et composé de fervent chrétiens, davantage orientés vers la valeur religieuse (et chrétienne) du monument : devenu symbole d’une église perdue pour le christianisme mondial, la réhabiliter en mosquée depuis tout ce temps est considéré comme un sacrilège.
Le second groupe est davantage sensible à sa valeur culturelle, voire à sa dimension multiculturelle pour être tout à fait exact : se côtoient des œuvres islamiques et des oeuvres byzantines de la période chrétienne, majoritairement des mosaïques redécouvertes avec difficultés sous les couches de plâtre dont elles avaient été recouvertes par les Ottomans -l’islam prohibant toute représentation humaine du divin.
Les autorités turques rassurent l’Occident : les mosaïques ne seront pas détériorées, mais recouvertes d’un voile ou de panneaux, le temps des prières, information toutefois contestée par certaines publications chrétiennes.
Il ne semble pas que Erdogan ait pris cette décision pour pouvoir négocier avec l’Occident des éléments tels que l’octroi de certains avantages en échange du maintien du statut du monument, mais plutôt pour consolider visuellement son autorité sur la Turquie ou, plus exactement, sur Istanbul, la ville la plus cosmopolite et occidentale de la République, la marquant ainsi de son empreinte, à l’image de tous les conquérants de la péninsule anatolienne et de la ville du Bosphore.
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