Le Ché aime l’Europe et sait enfin d’où viennent ses maux. Qu’on se le dise !
La France, terre de révolutions ? C’est vrai : elle a son désormais illustre postier révolutionnaire. Elle a également un autre révolutionnaire, de velours cette fois-ci : le "Ché", alias Jean-Pierre Chevènement, alias "le 3ème homme" de 2002...
Finie, la révolution ?
Le silence post-référendaire du Président d’honneur du Mouvement Républicain et Citoyen aurait pu faire croire à sa préretraite. On aurait eu bien tort d’oublier l’étoile filante de 2002, disparue aussi vite qu’elle était apparue.
Le Ché a soif de rébellion, de victoires électorales, de reconnaissance ! Il a marqué son temps avec sa célèbre citation : "Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne !". Ce qu’il a d’ailleurs fait à trois reprises... Mais il en veut plus !
L’homme n’est plus ministre. Il vit reclus dans son territoire de Belfort d’où il écrit, notamment son dernier ouvrage, modestement intitulé "La faute de M. Monnet : La République et l’Europe". Dommage qu’il ne soit plus ministre. Il aurait ainsi peut-être pu/dû fermer sa gueule et/ou démissionner de son métier d’auteur.
Le Ché, cet Européen providentiel
Et bien non ! Il l’ouvre et se déclare à nouveau candidat à la présidentielle ! Il le martèle à qui veut l’entendre : la présidentielle est le rendez-vous entre un homme politique et le peuple français. Le Ché sera donc élu non pas Président de la République française mais Président de tous les Européens, tellement les Européens nous envieront notre Ché, tellement son aura et ses idées lumineuses rayonneront sur l’Europe des 27.
Le Ché est ambitieux pour la France et pour l’Europe. Au menu : 20 chantiers et 3 priorités : « réorienter la construction européenne », « faire rebondir la France » et « remettre en marche le modèle républicain ». Soit 1/3 d’Europe, ce qui est tout à son honneur !
Dommage que son programme ne soit déjà noyé dans des spéculations autour de consignes de votes dans un monde idéalement républicain et citoyen.
Alors quelles idées pour l’Europe ?
Comme ses amis nonnistes, le Ché avait malheureusement davantage critiqué que proposé. Sur ce point, il a désormais laissé ses anciens camarades sur la case départ. Le Ché pense à l’Europe ! Il ne parle certes pas de nouvelle constitution européenne mais d’une relance économique en Europe par rapport à la politique économique allemande. Le Ché veut contrôler la BCE et la mener à la baguette. Le leader républicain veut aussi remettre de l’ordre dans la notion de services publics (les fameux SIEG).
Au rayon des idées intéressantes : la création d’un service civique de 10 mois. On attendra en vain un service européen comme les Jeunes Européens France le réclament. L’augmentation du budget de l’éducation et de la recherche de 25% en cinq ans se fera-t-elle à l’échelon français ou européen ? On n’en saura pas plus.
Etonnant de voir que le Ché a désormais des propositions pour l’Europe. Lui qui toute sa vie durant, a lutté contre. Contre l’Acte unique en 1986, contre Maastricht et l’euro en 1992, contre le TCE en 2004... contre la bureaucratie bruxelloise qui puise pourtant sa source dans des eaux énarchiennes où il s’est lui-même abreuvé durant sa jeunesse. Mieux, le Ché persiste dans ses positions et signe quelques pavés salés à intervalles réguliers : "Une certaine idée de la République m’amène à..." (1992), "France-Allemagne, parlons franc" (1996), "Le bêtisier de Maastricht" (1997), "Pour l’Europe, votez non !" (2005) jusqu’à la cerise sur le gâteau : "La faute de M. Monnet" (2006).
Monnet ou le mal européen
Malin le Ché, plutôt que d’accuser l’Europe actuelle, comme le font tous les anti-Européens français, d’Arlette Laguiller à Jean-Marie Le Pen, le Ché a saisi son bâton de pélerin pour partir en croisade contre l’un des pères fondateurs : Jean Monnet ! L’accusé Monnet est ainsi coupable de « despotisme éclairé » pour imposer une Europe fédérale au mépris des républiques. Où Jean Monnet n’est plus l’homme politique qui a oeuvré pour la paix au lendemain des deux guerres mondiales, mais un homme trouble au service des Etats-Unis.
Le Ché, toujours aussi volubile, étaye sa thèse par le fait que Monnet s’y soit exilé durant la seconde guerre mondiale sous un statut équivoque de haut fonctionnaire anglais. Le Ché, dans son enquête, aurait-il omis de dire que le général de Gaulle exilé en Grande Bretagne jouait lui aussi un double jeu ?
L’Europe, ce mal qui nous a apporté chômage, bureaucratie et autres maux modernes serait donc synonyme de "négation de la conception républicaine de la Nation". Ce qui suffit notamment à expliquer les crises de confiance exprimées lors des suffrages de 2002 (présidentielle) et 2005 (référendum pour le TCE).
Perfectionniste, le Ché troque même son bâton de pèlerin républicain contre un imper de Columbo. Il nous révèle ainsi que Monnet aurait confé à Giscard en 1977 : « J’ai vu à votre façon d’agir que vous avez compris l’essentiel (...) J’ai vu que vous avez compris que la France était désormais trop petite pour pouvoir résoudre seule ses problèmes. » Monnet est pris la main dans le sac ! Le père de l’Europe était en fait un espion engagé par l’Amérique pour vendre l’Europe.
On savait le Ché plutôt anti-américain et tout ce qui s’y rattache. Laissons lui au moins le doute de l’âge pour tolérer cette paranoïa. L’homme qui vit encore à l’époque de la guerre froide n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai. Lui qui, il y a quelques mois, écrivait dans le Figaro : "L’idée d’un ministre des Affaires étrangères européen dans l’Europe à vingt-sept ferait de lui le porte-parole de la diplomatie américaine."
Anti-Européen ou ultrarépublicain ?
Mais qui est vraiment le Ché ? Quand on l’interroge, il dit aimer l’Europe. Quand on le voit en action, il n’aime plus que la France, grandeur absolue sur l’échiquier mondial.
On ne fera pas non plus le procès facile de l’anti-européanisme du Ché sous prétexte de titres d’ouvrages peu flatteurs tels que "Le Bêtiser de Maastricht", ou "Le Souverainisme : Pour comprendre l’impasse européenne".
Finalement, tout ce qu’il réclame, c’est une "République européenne" ou plutôt une Europe à l’image de la République française. Une république européenne est-elle possible sans l’idée de supranationalité ? Le Ché, en vieux briscard révolutionnaire, rechigne à utiliser la réthorique fédéraliste pour éviter tout amalgame avec cette vilaine Amérique impérialiste ou encore cette drôle d’Allemagne qui semble lui faire peur.
Un carton et puis s’en va...
La politique peut être drôle et cruelle. Le Ché sait qu’il devra passer la main à des Républicains au poil plus frais et rebelle. Nicolas Dupont Aignan pourrait être ce dernier. Son ouvrage datant de 2004, "L’Europe va dans le mur. Elle accélère... et elle klaxonne !" est d’ailleurs prémonitoire.
Comme si l’Europe klaxonnante de Dupont-Aignan était en fait le Ché lancé à pleine vitesse... vers ce mur d’incompréhension qui sépare une vieille génération, attachée à une certaine idée de la France, d’une jeune génération qui veut croire en une nation membre d’un plus grand dessein...
1. Le 20 novembre 2006 à 00:34, par Fabien En réponse à : Carton rouge à Jean-Pierre Chevènement
Cédric,
Sache que le FN critique aussi... Jean Monnet et le Fédéralisme !
Comme quoi, les extrêmes, comme Dieudonné aux BBR, se rejoignent contre l’Europe.
2. Le 20 novembre 2006 à 14:06, par Cédric En réponse à : Carton rouge à Jean-Pierre Chevènement
Comme tu dis, les extremes de gauche comme de droite se rejoignent dans leur « anti-européisme ». Mais le Che est le seul à ma connaissance à pousser le vice jusqu’à y consacrer un livre. La betise n’a semble-t-il plus de limite.
3. Le 21 novembre 2006 à 02:34, par Patrick En réponse à : Carton rouge à Jean-Pierre Chevènement
Vous pouvez cracher tant que vous voulez sur ceux qui critiquent l’Europe, et Chevènement est certainement celui qui le fait de la manière la plus réfléchie et constructive. Mais vous ne supprimerez jamais le résultat du référendum du 29 mai 2005 : 55% de NON. Vous avez démocratiquement tort. Alors un peu de respect envers ceux qui ont voté NON.
4. Le 21 novembre 2006 à 08:19, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Carton rouge à Jean-Pierre Chevènement
Cher anonyme,
J’ai bien peu que vous n’ayez mal lu et mal interprété cet article : nous ne manquons pas de respect ici pour ceux qui ont fait le mauvais choix lors du référendum mais uniquement envers ceux qui leur ont mentis en dépeignant négativement l’Union européenne et le nouveau traité.
Par ailleurs ton propos me rappelle les propos ridicules tenus le 13 octobre 1981 par un de mes camarades socialistes trop zélé : « vous avez juridiquement tort, puisque vous êtes politiquement minoritaires ».
La démocratie ne tranche pas entre le vrai et le faux mais permet seulement de prendre une décision ou de choisir des représentants pour ce faire. Ainsi le vote portait sur le traité constitutionel : celui-ci ne sera pas appliqué en France en l’état. En revanche le vote ne portait que sur ce nouveau texte et non sur la construction européenne dans son ensemble. Tous les traités antérieurs ont été ratifiés démocratiquement, par les peuple ou par ses représentants : cela veut sans doute dire à vous croire que ceux qui les critiquent - à commencer par JP Chevénement ont "démocratiquement tord" (excusez moi mais je trouve la formule particulièrement loufoque).
Le seul résultat de ce vote dont vous semblez encore assez satisfait est que les traités actuels restent en vigueur - notamment toute la troisième partie qui a été critiqué dans la campagne référendaire - mais que les avancées institutionnelles et démocratiques considérables ainsi que la directive sur les services publics, la charte des droits fondamentaux etc. sont repoussés à plus tard.
Pour en revenir à Chevénement, non il ne critique pas de manière réfléchie et constructive. Il fait simplement la promotion d’un nationalisme à l’ancienne stupide.
Si vous parcourez ce site plus avant vous constaterez que nous ne crachons pas sur tous ceux qui critiquent l’Europe puisque nous sommes nous même également très critiques sur la manière dont l’Europe se fait aujourd’hui. Mais la solution aux difficultés de la construction européenne - qui tiennent à ce que la méthode Monnet qui a été très utile et efficace dans un premier temps - a aujourd’hui atteint ses limites et que l’Europe doit passer à une nouvelle ère constitutionnelle - implique non pas d’abandonner le projet européen mais de le renouveler significativement en le transformant en une démocratie multinationale. La seule solution des nationalistes comme Chévénement and co c’est le retour au passé.
Et ce nationalisme rétrograde, cet archéo-gaullisme, cetet atitude de donneur de leçons conservateur mérite amplement qu’on la dénonçe et qu’on la conamne. Chevénement est l’une des pires créatures que la classe politique française ait engendrée. En plus maintenant il est ridicule.
5. Le 21 novembre 2006 à 12:04, par Jean-Philippe Scherrer En réponse à : Carton rouge à Jean-Pierre Chevènement
Je constate que les moinillons de l’Europe fédérale sont toujours aussi haineux contre les patriotes sincères et les Européens qui refusent d’être à la remorque du néo-libéralisme « made in USA ». Votre Europe, celle de papa Monnet, a abaissé l’indépendance et la puissance de l’Europe comme jamais dans l’histoire. Votre attitude montre bien que vous avez perdu. Vous êtes les cocus de l’histoire. Bon vent !
6. Le 21 novembre 2006 à 16:20, par Ronan Blaise En réponse à : Carton rouge à Jean-Pierre Chevènement
Allors d’abord, pour commencer, on n’est vraiment pas obligé d’insulter autrui pour émettre quelque idée que ce soit. Pour le reste, je ne vois de la ’’haine’’ nulle part sinon dans vos propos et dans les termes que vous semblez sciemment vouloir utiliser.
Ensuite, l’attitude qui consiste à s’attribuer a priori tout sentiment de (véritable) patriotisme (vraiment) ’’sincère’’ et à systématiquement traîter donc tout contradicteur (même compatriote) en ’’étranger forcément nuisible’’, me semble être là une attitude excessive qui (sans même soulever l’aspect fondamentalement xénophobe et profondément antidémocratique du propos) disqualifie d’office celui qui l’émet.
De même, on n’est vraiment pas obligé de ne voir dans l’Europe qu’un projet politique ’’néo-libéral’’ (forcément ’’made in USA’’...) à la remorque des Etats-Unis. Puisque tel n’est certes pas le projet de Jean Monnet : avant toute chose un projet de régulation des relations internationales par la mise en place de liens solides et de solidarités concrètes (et par l’affirmation de la suprématie du Droit...).
S’inspirant là d’idées émises, en leurs temps, par des gens comme - entre autres - Dante, Emmanuel Kant, Denis de Rougement, Proudhon ou Altiero Spinelli - toutes personnes dont on conviendra tout de même aisément qu’elles ne sont pas nécessairement adeptes du ’’néo-libéralisme’’ économique (ni en relation évidente avec la puissance ’’étasunienne’’ actuelle ou d’hier...).
Enfin, juste rappeler que ce n’est pas Jean Monnet qui a ’’abaissé comme jamais dans l’histoire’’ la pseudo-puissance d’une Europe à l’époque de toute façon désunie, détruite et complètement ruinée. (Laquelle Europe alors n’existait de toute façon pas : puisque n’étant alors jamais qu’une collection d’Etats-nations rivaux et jaloux les uns des autres, toujours prêts à se faire la guerre pour le moindre prétexte...).
Et cet abaissement effectif des Etats européens, ceux-ci ne le doivent en fait qu’à eux-mêmes et à ces nationalismes réciproques (et politiquement sciemment attisés en eux...) qui - responsabilités partagées - ont tout de même provoqué au moins deux guerres mondiales et quelques millions de morts (excusez du peu...).
7. Le 21 novembre 2006 à 17:09, par Ronan Blaise En réponse à : Carton rouge à Jean-Pierre Chevènement
A monsieur LENTZ,
En démocratie, la possibilité de critiquer un choix majoritaire est éternellement ouverte, d’où votre entière liberté de promouvoir -encore et tjs- feu le TCE.
En revanche, la même démocratie, ou plutôt son esprit bien compris, DEVRAIT imposer le respect des gagnants, ds la mesure où ils SONT le peuple : le « démos ».
A cet égard, CHEVENEMENT & DUPONT-AIGNAN sont les représentants du peuple et n’ont pas à être qualifiés de ridicule !
Ch. LECHEVALIER
8. Le 21 novembre 2006 à 17:12, par Ronan Blaise En réponse à : Carton rouge à Jean-Pierre Chevènement
Monsieur Lechevallier,
Je pense que Valery-Xavier sera d’accord avec moi, même si je me permets de répondre ici à sa place. En disant notamment que la démocratie ce ne sont pas des choix gravés définitivement dans le marbre pour l’éternité : c’est aussi le droit à la diversité d’opinion, le droit à l’erreur, le droit de les ’’corriger’’ (si on en éprouve effectivement l’envie...), le droit au changement d’opinion et, en toute chose, la possibilité de l’alternance...
Par ailleurs, si les 55% de « Non » du 29 mai 2005 (soit environ 15 millions de personnes) sont effectivement ’’du’’ peuple. Ils ne sont néanmoins pas, à eux seuls, ’’le’’ peuple. Pas plus ni moins en tout cas que les environ 12.5 millions de personnes qui ont voté « Oui » à cette même occasion ou que les près de 12.5 millions de personnes qui se sont également abstenues d’aller voter ce jour là (et qui sont également, elles aussi et tout autant que les autres, ’’le’’ peuple...).
Pour le reste, il y a effectivement eut ce jour là (et en ce scrutin là...) une expression majoritaire. Mais, au sein de la rédaction de ce webzine, nous avons plutôt tendance à dire que cette expression majoritaire fut le fruit et l’expression d’une tragique erreur d’appréciation tant du document en question que du contexte. Et bon nombre d’entre nous souhaiteraient effectivement que cette erreur soit - d’une manière ou d’une autre, et un jour ou l’autre - corrigée.
Toujours est-il que ce n’est pas rendre là un très grand service à la démocratie que de ’’stigmatiser’’ ainsi les sentiments des électeurs en voulant absolument les enfermer dans un ’’camp’’ (celui des ’’gagnants’’ ou celui des ’’perdants’’). C’est là une manière profondément brutale et antagoniste (et volontairement humiliante ?!) que d’envisager ainsi le débat démocratique et le droit au libre-arbitre et à la libre réflexion de nos concitoyens. Car c’est là instaurer un ’’rapport de force’’ brutal là où il ne devrait au contraire n’y avoir que débat posé et libre réflexion.
Chevènement et Dupont-Aignan (effectivement représentants de ceux qui ont bien voulu voter pour eux) sont-ils ridicules ?! Ma foi je n’en sais rien et ce n’est pas là mon propos. En revanche je serais finalement même plus sévère : vu qu’ils ont surtout menti au peuple. Et ce, tant sur le fond du dossier (du TCE) que sur leurs motivations profondes (inavouées et inavouables) : lesquelles sont fondamentalement nationalistes. Et avec le résultat que l’on sait.
9. Le 21 novembre 2006 à 17:31, par Ronan Blaise En réponse à : Carton rouge à Jean-Pierre Chevènement
Si, si, il y a de Villiers et Dupont Aignan aussi : même exaltation du passé et de la France éternelle, même discours messianique, même ’’mission historique’’ pour une ’’nation décidément pas comme les autres’’ (sic) ’’qui éclaire le monde’’ (resic) et ’’montre le chemin’’ (idem).
Un discours surréaliste et complètement ahurissant (car n’est-ce pas là une certaine forme de nationalisme ?!) que (anti-européisme mis à part et sans même parler des extrêmes...) on retrouve aujourd’hui un petit peu partout et dans les discours d’un petit peu tout le monde : de Laurent Fabius à Ségolène Royal, de Michèle Alliot-Marie à Nicolas Sarkozy et en passant même par François Bayrou.
Bref, nos hommes politiques font actuellement (à flatter ainsi les foules et à caresser ainsi sans vergogne l’opinion dans le sens du poil), dans la drague électorale la plus éhontée et dans la démagogie à pleins tubes. Ne serions-nous pas, par hasard, prochainement en campagne électorale ?!
10. Le 24 novembre 2006 à 12:53, par nicolas foutrier En réponse à : Quelle Europe ?
Messieurs des Jeunes Européens, pourrez-vous un jour accepter l’idée que l’on pouvait être opposé au TCE sans être pour autant anti-européen ? Je suis jeune et, comme vous, je pense que la France n’a d’avenir qu’au sein de l’UE. Toutefois, cela ne consiste pas à approuver benoîtement tout ce que l’UE réalise.
Je travaille au PE et je suis bien placé pour savoir que le PE n’a pas de pouvoir d’initiative réelle, qu’en matière de politique étrangère, les députés n’ont quasiment le droit que de se défouler lors des sessions plénières pour critiquer les compromissions de l’UE. Je ne vous parle pas de l’atlantisme outrancier de certains députés, ni de la formidable capacité de la Commission à courber l’échine devant les Etats-Unis sur des questions pourtant fondamentales comme le respect des libertés fondamentales (ex. de l’accord sur les données PNR).
Quant au marché intérieur, il n’est pas délirant de dire que, faute de volonté politique, de leadership et de moyens, l’UE organise l’ouverture des marchés sans vraiment chercher à approfondir l’intégration à travers une harmonisation par le haut des normes sociales et fiscales.
Le dogmatisme de la Commission est terrifiant, dans le domaine énergétique par exemple. Ainsi, les tensions actuelles entre la Russie et l’UE n’ont pas seulement révélé la vulnérabilité énergétique de certains membres de l’UE, elles témoignent de l’impasse vers laquelle mène la politique poursuivie par l’UE dans le domaine énergétique. Suite à la signature de l’accord final pour la construction du NEGP, la ministre délégué aux affaires européennes, Catherine Colonna, a même reconnu que « l’énergie n’avait été abordée jusqu’ici que sous l’angle de la concurrence et de la libéralisation des marchés ». Au lieu de chercher à élaborer une politique européenne de l’énergie, l’UE continue de prôner la libéralisation systématique des marchés tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières. Or, face à des Etats "mercantilistes", comme la Russie, qui usent de leur puissance pour profiter des avantages liés à la libéralisation en Europe sans en assumer la contrepartie, l’UE, chantre de la libéralisation, se retrouve prise au piège de sa propre politique. Devra-t-on accepter, à l’heure où la Commission exige la libéralisation du marché énergétique dans l’UE et où le Gouvernement privatise GDF et EDF, que Gazprom fasse un jour son entrée dans le capital de ces deux entreprises ? Les Russes ne sont pas gênés pour EADS.
Je suis totalement indifférent à ce que les Etats membres de la zone euro aient transféré l’exercice de leur souveraineté en matière budgétaire et monétaire à l’UE, mais que nous propose-t-on à la place ? Une BCE au main de quelques fanatiques de Friedman ? Des critères de stabilité qui brident les budgets ? L’absence de politiques macroéconomiques et de coordination entre les différents leviers doit bien faire rire aux Etats-Unis qui, en grande puissance qui se respecte, s’accomode assez bien des principes néolibéraux et monétaristes.
Je continue à croire en l’Europe mais cessez de nous anesthésier avec votre européanisme béat. Cordialement.
11. Le 27 novembre 2006 à 12:54, par Ronan Blaise En réponse à : Quelle Europe ?
Cher Monsieur,
A la lecture de votre courriel, j’ai vraiment le sentiment que vous n’avez examiné que vraiment très superficiellement le contenu de ce site. Tant il est clair que non, les Jeunes Européens ’’n’approuvent pas benoîtement tout de que l’UE réalise’’ et propose ; et ne professent pas non plus quelque ’’européisme béat’’ (sic).
D’ailleurs, comme le précise fort bien notre page de présentation ’’A propos’’ : ’’le Taurillon n’a pas vocation à être le propagandiste des institutions européennes ni de nos gouvernants mais au contraire s’efforce de mettre les points sur les « i » et de démontrer comment l’Europe doit se réformer en profondeur pour devenir à la fois plus efficace et plus démocratique’’.
Bref, en un mot comme en cent, les Jeunes Européens ne sont pas ’’légitimistes’’ et acharnés à défendre ’’mordicus’’ (et contre toute évidence...) l’Europe telle qu’elle est avec ses actuels dysfonctionnements évidents (même si tout n’est certes pas non plus à jeter dans l’actuelle UE...), mais sont davantage réformistes : souhaitant effectivement l’avènement d’une Europe plus démocratique, plus transparente, plus juste, plus efficace et en un mot comme en cent : fédérale.
D’ailleurs, de nombreux points que vous soulevez dans votre courriel ont effectivement été évoqués dans les colonnes de ce webzine et en des termes visiblement pas si éloignés que cela des vôtres : que ce soit (liste de thématiques non exhaustive...) sur la BCE, sur les questions énergétiques ou encore pour la défense des libertés fondamentales.
Par ailleurs, comme vous le soulignez, certes lors de la campagne référendaire nous avions effectivement défendu le TCE. Mais juste souligner que nous ne l’avions alors pas présenté comme un aboutissement et une fin en soi, mais comme - dans le cadre d’un processus inachevé - un préalable pour aller plus loin : une étape sur le chemin, une étape nécessaire et incontournable sur un chemin encore long.
Et ce, dans la mesure où nous estimions alors qu’il comprenait un certain nombre d’avancées satisfaisantes, notamment (pour faire simple et pour essayer de faire court) en seuls termes de réforme des Institutions communautaires. Bien évidemment, nous n’avons jamais présenté ce texte (non sans défaut) comme étant une panacée universelle absolue.
Mais nous avions alors estimé que ce document - fragile compromis communautaire - était un mieux par rapport à la situation antérieure (laquelle, faute de réforme, se prolonge effectivement aujourd’hui...).
On ne pourrait donc que vous encourager à examiner les publication faites sur ce site de façon plus approfondie. Et à dépasser ainsi une position initiale qui, de votre part, me semble être fondée sur un malentendu sinon sur un a priori négatif que nous ne méritons certes pas. Cordialement.
12. Le 27 novembre 2006 à 20:12, par ? En réponse à : Quelle Europe ?
Cher Ronan, j’ai regardé les articles que vous citiez. Ils sont effectivement d’une grande qualité et je veux bien faire amende honorable même si je ne suis pas d’accord avec vous sur un certain nombre de points. En particulier, sur la Russie, je vous trouve trop naifs, vous ne semblez pas avoir compris que la Russie se moque pas mal du partenariat stratégique gentiment proposé par l’UE. Très cordialement. Nicolas.
13. Le 27 novembre 2006 à 21:35, par Ronan Blaise En réponse à : Quelle Europe ?
Cher Nicolas,
Outre le fait que j’apprécies beaucoup d’avoir avec vous des échanges cordiaux dénués de toute animosité, juste préciser ma pensée à propos de la Russie (comme quoi, vous allez voir que nous partageons, une nouvelle fois, à peu de chose près, le même point de vue).
A savoir que je ne sais pas si la Russie cherche à se jouer de l’UE, mais qu’en revanche je pense que la proposition de partenariat que l’Europe propose effectivement depuis peu à la Russie est une proposition effectivement très sérieuse et digne d’intérêt, qui pourrait (devrait) profiter équitablement aux deux partenaires (et dont la Russie aurait bien tort de se moquer ou de chercher à ne tirer qu’un profit unilatéral...).
Cela dit, néanmoins, j’ose espérer que l’UE ne transigera pas davantage dans l’avenir avec ses principes. Et quitte à négocier à l’avenir quelque chose avec la Russie, j’espère que l’UE saura alors davantage se conformer à ses principes politiques tant proclamés et, donc, ne plus alors faire preuve de tant de... naïveté.
De plus, juste souligner que (si je puis me permettre...) vous faîtes néanmoins fausse route en affirmant par ailleurs - dans l’un des courriels que vous nous avez récemment envoyé - que les JE-France seraient (pour diverses raisons) une organisation plus ou moins à droite du prisme politique.
Et ce, dans la mesure où (1) toutes les personnes qui s’expriment sur nos forums ne sont pas nécessairement nos adhérents, dans la mesure où (2) les articles publiés dans ce webzine ne reflètent pas toujours non plus nécessairement des positions officielles de notre association (pour consulter celles-ci, voir le site spécifique ’’administratif’’ des JE-France.
Et dans la mesure où (3), adhérent depuis déjà plus de deux ans des JE-France, je peux formellement vous garantir le caractère évidemment pluraliste et éminemment transpartisan de notre organisation. Laquelle regroupe des fédéralistes européens (ou européens fédéralistes) issus des ’’deux rives’’ et parmi lesquels j’ai de véritables amis, sincères militants de la cause européenne et fédéraliste, quelle que soit leur ’’rive’’ d’origine.
Cordialement.
14. Le 18 juin 2007 à 18:24, par Ronan En réponse à : Carton rouge à Jean-Pierre Chevènement
Où l’on apprend que - suite à sa cinglante défaite enregistrée hier, lors du second tour des élections législatives 2007 - que J-P Chevènement a annoncé dès hier qu’il ne se représenterait pas pour les élections municipales de mars 2008, avant d’annoncer - ce jour même - qu’il démissionnait de son mandat de maire de Belfort. Cette fois-ci, pas sûr qu’il ne revienne : ça sent la déprime...
15. Le 19 juin 2007 à 13:03, par ? En réponse à : Jean-Pierre Chevènement : fin de partie !
champagne ! à la retraite l’affreux !
16. Le 18 février 2008 à 20:51, par nicolas En réponse à : Jean-Pierre Chevènement : fin de partie !
Jean Pierre Chevènement est un des hommes politiques francais les plus compétents, très expérimenté dans des domaines divers (éducation, armée, intérieur, un des rédacteurs éminents du programme commun de Francois Mitterand en 1981...), énarque, et d’une culture très large. Sa voix et son analyse méritent donc une grande attention. Dans une Europe et a fortiori une France semblant aujourd’hui déboussolées, il en revient à des repères toujours d’actualité (puisque la France est toujours une République) qui ont traversés les années et les siècles. La laïcité, la citoyenneté, le civisme, l’amour de la nation, le respect de la démocratie et de la voix du peuple dans une Europe trop éloignée des citoyens, principes aux antipodes des thèmes nationalistes développés par le FN ou P. de Villiers. Alors, évidemment, pour l’instant, J P Chevènement se trouve encore isolé puisque l’Europe en marche est tout sauf une Europe des nations ; nations qu’on veut voir disparaitre car on les voit comme le berceau du nationalisme, alors que pour J P Chevènement elles sont le lieu de la démocratie et de l’expression populaire. L’avenir nous dira qui a tort ou raison mais il se trouve que l’Europe est très incomprise par les citoyens des différents pays européens, elle apparait malheureusement trop éloignée et devient souvent le bouc émissaire de tous nos maux. Alors, la voie très cohérente mais différente proposée par J P Chevènement doit être respectée même si on n’ est pas d’accord car elle est très utile dans le débat et le sera peut être plus encore demain.
17. Le 18 février 2008 à 21:16, par Fabien Cazenave En réponse à : Jean-Pierre Chevènement : fin de partie !
L’Europe proposée par Jean-Pierre Chevènement irait droit dans le mur : unanimité sur toutes les décisions, etc.
De plus, il appartient à une vision du passé.
18. Le 18 février 2008 à 22:08, par Valéry En réponse à : Jean-Pierre Chevènement : fin de partie !
Chevénement est un nationaliste qui défend un monde d’un autre âge. Point.
Les moments où cet individu a exercé des fonctions officielles ont surtout provoqué l’embarassement pour notre pays et pour ceux qui gouvernaient avec lui. La plupart du temps ces épisodes se sont terminés par des démissions.
À présent il parade sur des estrades avec l’extrême-droite de Dupont-Aignan. Il n’y a pas de quoi faire le fier.
19. Le 29 novembre 2008 à 01:32, par Emmanuel En réponse à : Carton rouge à Jean-Pierre Chevènement
Salut à tous ! Je cherche des infos sur l’europe pour mes études et je tombe là dessus ! On en a marre des jusqu’au boutistes européens, on veut du neuf, marre de cette vieille idée de 30 piges qu’on nous ressert à chaque traité... Or les chevènement et dupont-aignan proposent une vraie europe de la solidarité, c’est autre chose que le jeu de la libre concurrence non faussée etc etc ! Et j’ai des retours comme quoi les tentatives de règlement de la crise financière déroutent complètement la commission européenne, c’est la « panique » (sans vouloir exagérer qd même) là bas !
Bref je me suis penché sur la question et c’est à cette occase que j’ai découvert autre chose que cette vieille idée de maastritcht, et je trouve ça plutôt pas mal, et je ne suis pas le seul, ça apporte de l’espoir (bon ok sur ce blog je suis peut-être un peu tout seul)
20. Le 29 novembre 2008 à 09:01, par Valéry En réponse à : Carton rouge à Jean-Pierre Chevènement
Bonjour,
Dupont-Aignan et Jean-Pierre Chevénement, si tu lis attentivement leurs proposition, proposent avant tout de revenir à l’époque des nationalismes, c’est à dire d’États nations pleinement souverains qui ne se préoccupent pas de règles et de lois communes ou ne les acceptent que s’ils peuvent s’en affranchir et les ignorer à tout moment dès que ça les arrange. Leur vision du monde est un monde anarchique où chaque État est en lutte avec tous les autres.
Dans ce contexte il n’est guère de solution crédible qui puisse tenir la route. Pour les problèmes communs la seule solution est de rechercher ensemble des solutions communes, pas de casser les maigres instruments de gestion collective dont nous pouvons déjà disposer pour revenir aux méthodes archaïques au nom d’un nationalisme réactionnaire.
Je vous invite par ailleurs à parcourir ce site pour constater que nous ne sommes nullement des europeistes jusqu’auboutiste mais au contraire des militans fédéralistes. En effet, il n’est pas question d’unir l’Europe n’importe comment et dans tout les domaines mais seulement de lui confier des compétences dans les domaines où une action commune peu s’avérer plus efficace, et ceci dans le cadre d’institutions démocratiques. Ce que nos gouvernements construisent aujourd’hui en est encore assez loin mais chaque nouveau traité apporte des progès en ce sens.
Bien cordialement,
Valéry
21. Le 29 novembre 2008 à 18:44, par Fabien En réponse à : Carton rouge à Jean-Pierre Chevènement
D’ailleurs, comment faire l’Europe de la solidarité sans Europe politique ? On voit bien les limites de l’Europe actuelle non ? Deux choix : soit on en revient aux Etats-Nations, soit on va plus loin dans l’intégration européenne et on en reste pas à un entre-deux qui ne plaît à personne...
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