Le contexte : une extrême droite ancrée dans le paysage politique autrichien
La présidentielle de 2016 a quant à elle tenu en haleine non seulement l’Autriche mais également l’ensemble des forces politiques du continent, nationalistes et populistes en tête. Le premier tour balaie froidement les candidats de gauche et droite avec 11% des voix chacun et porte Alexander Van Der Bellen, soutenu par les écologistes, derrière le candidat du FPÖ, Norbert Hofer. Le second tour aurait, quant à lui, pu être écrit par les scénaristes de House of cards.
En effet, le 22 mai, le suspense est total, les sondages donnent les candidats écolo et populiste au coude à coude et les premiers résultats de la soirée ne permettent pas de les départager. Il faudra donc attendre le dépouillement des votes par correspondance pour annoncer la -très courte- victoire de Van Der Bellen. Néanmoins, suite aux recours formés par le perdant, la Cour constitutionnelle invalide le scrutin. Après un énième rebondissement à propos de colle défectueuse repoussant une nouvelle fois le scrutin, le « quatrième tour » qui se tient près de huit mois après le premier renforce la première place de l’écologiste Van Der Bellen avec près de 54% des voix.
Enfin, les législatives de 2017 n’ont fait que confirmer la très bonne santé de l’extrême droite. Avec 26% des voix et 51 députés, les nationalistes du FPÖ, talonnent le SPÖ, quand la droite conservatrice du jeune Sebastian Kurz mène avec 62 élus. La coalition droite-extrême droite, qui a déjà été expérimentée au début du siècle et affolé l’Union européenne, s’est reformée à l’initiative du conservateur Sebastian Kurz et du populiste Strache. Coalition qui a récemment explosé après le scandale politique de l’ « Ibiza-gate » impliquant le dirigeant du FPÖ, accusé de corruption passive avec des industriels russes par une vidéo devenue virale. Le chancelier fédéral a ainsi convoqué des élections législatives anticipées qui auront lieu en septembre prochain.
La droite vainqueur, l’extrême droite faiblement sanctionnée
Principal enseignement de ce scrutin, le FPÖ n’a pas vraiment été impacté par les électeurs après le récent scandale de corruption. En effet, en recueillant 17,5% des voix, il perd deux points et cède un de ses quatre sièges. Le SPÖ quant à lui se maintient à près de 23% des voix et conserve ses trois sièges. Le parti d’opposition n’aura ainsi pas su tirer profit de la crise gouvernementale. À noter également la perte d’un siège chez les écologistes, qui auront néanmoins réussi à inverser la mauvaise tendance de leurs derniers résultats, dont le point ultime aura été l’élimination de toute représentation au sein du Conseil national en 2017. Le grand gagnant de ce scrutin est assurément le parti de droite, l’ÖVP, qui augmente son score de 7% en recueillant plus du tiers des voix et s’assure sept sièges sur les 18 autrichiens. Le chancelier Kurz sort donc renforcé de ce scrutin et recueille l’approbation du peuple autrichien, notamment pour sa réforme controversée du droit du travail rallongeant jusqu’à 60 heures la durée du travail par semaine.
Dernier rebondissement d’une semaine qui pourrait de nouveau inspirer des scénaristes hollywoodiens, le parti JETZT, alliance de gauche et d’écologie, a déposé une motion de censure à l’encontre du gouvernement désormais minoritaire du chancelier conservateur. Les sept députés de JETZT ont finalement été rejoints non seulement par l’opposition de gauche mais également par les anciens alliés de l’ÖVP, les populistes du FPÖ, agacés par leur sortie sans ménagement de la coalition gouvernementale. Fort du soutien des électeurs, Sebastian Kurz prépare déjà sa campagne pour les prochaines législatives en septembre.
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