Bilan de l’année 2008 sur le Taurillon : traité de Lisbonne, présidence française, démocratie en Europe...

L’actualité européenne au fil des articles publiés sur le Taurillon

, par Fabien Cazenave

Bilan de l'année 2008 sur le Taurillon : traité de Lisbonne, présidence française, démocratie en Europe...

L’année 2008 a été riche en actualités : crise financière, plus d’une dizaine d’élections, Obama à la Maison Blanche, la guerre en Géorgie, déclaration d’indépendance du Kosovo, Belgique qui se consume par elle-même, les attentats en Inde. Bien sûr, nous avons également pu suivre dans ces colonnes la question de la ratification du traité de Lisbonne et le non irlandais... Faisons le bilan.

Faire le bilan d’une année est toujours un exercice difficile : on ne peut pas parler de tout, mais surtout ne pas rater les petits évènements qui ont fait l’actualité.

D’autant plus que pour un site contenant des articles de bénévoles comme sur le Taurillon.org, magazine des Jeunes Européens - France, il n’a pas été possible de reprendre toute l’actualité, de tout traiter dans le temps d’internet : l’instantanéité. Cela nous a obliger à traiter les évènements qui nous semblaient les plus importants.

Actualité européenne 2008

L’année 2008 commençait par la présidence slovène, premier pays ayant adhéré en 2004 à prendre cette charge. Celle-ci aura plusieurs grandes missions comme poursuivre le travail de la présidence portugaise sur la ratification du traité de Lisbonne, fêter l’arrivée de Chypre et de Malte dans la zone €uro.

Très vite cette présidence sera marquée par une grave crise (la première...) européenne : le Kosovo déclare son indépendance de son tuteur serbe. Nos colonnes ont vu des articles parfois favorables, parfois négatifs. Pourtant, j’ai ressenti que le fil rouge de cet évènement était le suivant : pour faire vivre les Serbes et les Kosovars ensemble, ne faut-il pas qu’ils arrivent à adhérer à l’Union européenne ? On retrouve mieux ainsi le sens de la construction européenne du début.

Les élections ont été nombreuses encore une fois : ont voté les Espagnols, les Italiens, les Français, les Ecossais (Glasgow-Est pour être précis) ou encore les Autrichiens et les Lituaniens. L’élection d’Obama a créé un vrai effet de mode, nos médias en ont tellement parlé que je me suis demandé si les journalistes étaient américains... Quel dommage qu’il y ait un tel décalage avec le traitement des élections dans le reste de l’Europe...

Par exemple : pour qu’on entende parler réellement des élections autrichiennes, il a fallu attendre la mort de Jörg Haider ! Bref.

Un autre dossier a aussi beaucoup touché nos rédacteurs : la Belgique et son risque de scission en parties linguistiques, flamandes et francophones. La question de la diversité linguistique est un vrai défi pour ce « petit » pays. Un vrai test en nature pour l’Union européenne (UE), car au-delà des questions d’intégration de deux nouveaux pays à la place d’un autre ou du possible nouveau siège de « Bruxelles », est-ce que l’UE va devenir une tour de Babel, sans unité ?

D’autres crises vont marquer l’actualité : la crise financière, la crise en Géorgie, les attentats en Inde, la crise au Parti Socialiste française (voir européen ?). Tous ces évènements ne sont pas à mettre au même niveau, évidemment. Mais à l’heure où nous voyons de telles crises se présenter, la crise du projet politique proposé aux citoyens se fait d’autant plus ressentir. Malgré l’activisme d’un Nicolas Sarkozy, on ne ressent pas chez les hommes politiques une vraie force européenne : aucun d’eux n’a réellement porté le traité de Lisbonne devant les citoyens. Le Non irlandais s’explique en partie par ce manque de vision politique sur la construction communautaire.

Bien sûr, il y eu d’autres actualités plus légères : le Parlement européen a 50 ans ! Ce fut le cas aussi des capitales européennes de l’année 2008. Liverpool et Stavanger nous ont apporté un peu d’air frais. Vilius en Lituanie et Linz en Autriche vont reprendre leur flambeau. Ce sera toujours moins agité que cette flamme olympique qui a surtout servi aux activistes pro-Tibet et au régime chinois. Ce dernier a pu faire gonfler le nationalisme de l’Empire du Milieu à son paroxysme. La cérémonie d’ouverture en a été l’illustration. Cela ne peut que nous conforter dans le sentiment que "le nationalisme, c’est la guerre".

Le traité de Lisbonne

S’il y a bien eu un évènement dans le domaine européen, c’est la ratification (ou non) du traité de Lisbonne. On ne peut qu’être triste de voir que faute d’un espace public européen réel, cette question ne soit restée que dans les sphères nationales au gré du calendrier des ratifications.

La bataille de France n’a pas eu lieu. Le choix par Nicolas Sarkozy de la voie parlementaire s’est révélé efficace, au détriment du besoin de débat sur l’avenir de l’Europe. Pourtant nous avons eu des débats dans nos colonnes sur le traité de Lisbonne. Espérons qu’il soit le dernier des traités.

Même si nous avions donc été critiques sur ce traité, nous l’avons soutenu au moment de la ratification française. Pour deux raisons :
 il y a des avancées claires (la Charte des droits fondamentaux pourrait être la surprise juridique des ces prochaines années) dedans et nous ne pouvons pas en rester à Nice.
 même si le personnel politique ne fait pas son job pour le défendre, devions-nous laisser le terrain (sur la toile ou dans la vraie vie) aux forces extrémistes de gauche et de droite ?

Nous devons être combattifs sur le sujet européen. Il y a eu peu de sites qui ont osé croiser fer avec les anciens nonistes.

Et puis vint le 13 juin et l’annonce des résultats du référendum irlandais... Le « If you don’t know, you vote no » l’a emporté. L’obscurantisme de ce slogan ne doit pas faire oublier qu’ils étaient peu à aller sur le terrain pour convaincre les citoyens.

Il y aura eu un effet bénéfique à ce « No » : la production journalière du Taurillon passait durant 15 jours de 1 à 3 (voir 4) articles ! Des thèses qui avaient été un peu mises de côté ont revu le jour : l’idée d’une constituante ou d’un référendum paneuropéen ont retrouvé la lumière...

Sylvie Goulard nous prévient cependant : les changements accordés aux dirigeants irlandais pour qu’ils puissent revenir devant leurs électeurs en faisant croire qu’ils avaient obtenu quelque chose... voilà une bien dangereuse manière de faire avancer l’Union européenne !

Mais peut-on en vouloir aux Irlandais de faire ce que les Polonais, Hongrois et Allemands font sur le paquet énergétique ? Ne font-ils pas ce que la France et les Pays-Bas ont réclamé en 2005 après leur Non ?

La méthode integouvernementale ressemble de plus en plus à la boîte de Pandore...

Le Taurillon 2008 : un bon cru

Le Taurillon a pris du coffre durant cette année 2008. Le suivi de la présidence française en a été un évènement marquant. Bien sûr, nous n’avons pas pu tout suivre : d’autres sites (Touteleurope, Euractiv) le font bien mieux que nous. Au-delà des articles sur la Pac ou le paquet énergie climat, nous pouvons voir que nous avons su donner une clé de lecture au plan Hortefeux qui soit originale ou de l’Union pour la Méditerranée qui ne soit pas de la simple reprise d’informations.

Nous pouvons nous enorgueillir d’avoir pu suivre tous les grands évènements de la présidence française, que cela soit à Lille, Marseille, Lyon, La Rochelle, Nantes et Paris. Reconnaissance institutionnelle, le Taurillon faisait parti des sites qu’on contacte pour suivre un évènement européen. De même, nous avons suivi plus particulièrement les Etats Généraux de l’Europe, 2ème édition. Pour cela, nous avons passé un nouveau cap, la vidéo est arrivée sur le Taurillon.

Il faut dire que cette année a été riche de ce point de vue :
 nouvelle maquette du site avec le franchissement des 750.000 visites depuis la création du site, fin janvier.
 le cap des 1.000.000 de visiteurs uniques a été dépassé en mai, fête de l’Europe...
 une version mobile est lancée pour la présidence française avec une présentation « à l’arrache » au Secrétaire d’Etat aux Affaires européenes, M. Jean-Pierre Jouyet.
 l’obtention du statut d’ « Official User » sur Dailymotion, ce qui récompense le travail pour obtenir + de 80 vidéos avec des personnalités (Ministre, Secrétaire d’Etat, Parlementaires européen, figures européennes ou de la société civile) et des citoyens.

Des polémiques avec des gens qu’on aime bien (et donc à qui on demandera toujours plus), un poisson d’avril qui a bien marché et une bibliothèque qui se remplit bien : une vingtaine de livres commentés cette année ! Dernier coup en date, la publication du Manifeste de Ventotene d’Altiero Spinelli et d’Ernesto Rossi. A lire et à méditer pour 2009 !

Le Taurillon commence donc à être une place importante du web francophone consacré à l’Europe. Regardons les interviews de cette année (dans un ordre approximatif) : Robert Toulemon, Gaëtan Gorce, le président des Jeunes Radicaux de Gauche, Dominique Reynié, Thierry Mariani, le nouveau président du Comité des Régions, Sylvie Goulard, Catherine Lalumière, Louis Le Pensec, Jacques Chauvin, Cafebabel, Touteleurope, PEJ, Nouvelle Europe, Pierre Henry, Daniel Henri, Michel Barnier, FCPE, PEEP, AEDE, CVCE, Jean-Louis Bourlanges, Elisabeth Morin, Brigitte Fouré, Daniel Cohn-Bendit, Eric Lamberts, Monica Frassoni, Gérard Onesta, Mme Costa-Lascoux, Robert Lecou, Roselyne Bachelot, Jean-Pierre Jouyet, Stephan Kurpas, Ségolène Royal, Guy Verhofstadt, Elie Barnavi, Eneko Lanadaburu, Lukas Macek, Sarah Braunstein de la Confédération étudiante, Philippe Herzog... et d’autres !

Des semaines spéciales ont été réalisées ainsi sur l’Europe et l’école, le résultat du non irlandais, sur les municipales (bravo aux JE-Lorraine et JE-Lyon pour le boulot), le tour du monde des fédéralismes, les élections américaines, la Turquie et l’Autriche. Je mettrais en exergue une semaine spéciale que nous avons organisée : celle des villes candidates au titre de capitale européenne de la culture en France pour 2013. Les quatre villes nous ont répondu et on soumis leur projet aux lecteurs du Taurillon à une époque où personne n’en parlait...

Enfin, une des satisfactions que nous pouvons avoir réside dans notre partenariat avec l’Association des Journalistes Européens qui nous a permis de publier son rapport "Good-Bye to freedom ?"sur la liberté de la presse en Europe.

Les Jeunes Européens se mobilisent aussi en dehors d’internet

Le Taurillon aura permis aussi aux Jeunes Européens - France de donner plus de publicité à leurs évènements comme lors de l’organisation de la manifestation du 4 février 2008 pour soutenir le traité de Lisbonne lors de sa ratification au Congrès de Versailles.

Bien sûr, certaines actions ont pu être mises plus spécifiquement en avant : action sur les Jeux Olympiques, mobilisation du 9 mai, Eurotour, le Parlement franco-germano-polonais. L’action pour la démocratie en Biélorussie est pour moi l’une des plus importantes. Peut-être parce que j’ai rencontré récemment des opposants biélorusses et qu’ils m’ont serré la main quand je leur ai parlé de cette action...

Nous ne devons jamais oublier que de parler de la construction européenne sur internet n’est qu’un moyen. L’important est d’aller au contact des citoyens et de les convaincre de se mobiliser avec nous : et ainsi jouer notre rôle de société civile pro-européenne et fédéraliste !

Illustration : globe terrestre issu de Wikicommons.

Vos commentaires
  • Le 29 décembre 2008 à 11:55, par Ronan En réponse à : Bilan : L’UE de 2008 ?! moins « européenne » que celle de 2005...

    L’année 2008, c’est également l’année d’un changement de leadership américain (et de génération politique) et l’année où - par contrecoup - l’idée européenne prend là un terrible coup de vieux.

    Qu’on l’aime ou pas, il se révèle que l’Etat fédéral construit en Amérique du Nord - en très grande partie par des enfants d’Européens là-bas immigrés - fonctionne terriblement bien : et ce, pour faire le mal (on l’a vu...) comme pour faire le bien (on l’espère...).

    Pendant ce temps là, l’Europe de nos hommes politiques se paie de mots mais - surtout - s’englue dans les marais insondables de ses refus de choisir : ainsi, on prétend construire l’Europe avec les citoyens, mais - en pratique - nos dirigeants la décrète unilatéralement et sans eux (voire contre...). Nos dirigeants auraient-ils peur du suffrage universel ?! Nos peuples sont-ils donc finalement si peu européens pour que leurs dirigeants n’osent ainsi plus leur proposer les sauts qualitatifs pourtant devenus nécessaires ?!

    Pareillement, on prétend faire de l’Europe le moyen de rendre aux citoyens d’Europe la maîtrise de leur destin (notamment sur le plan énergétique ou écologique...), ou d’influencer le cours du monde à venir (on pense là à la gestion des crises des moyen et proche orients, à la « gestion » économique et diplomatique des « poussées de croissance » de la Chine et de l’Inde, de la Russie...). Mais aucun Etat membre de l’actuelle timide « confédération » ne songe vraiment sérieusement aux « abandons de souveraineté » nécessités par la mise en place d’une structure vraiment plus efficace.

    L’année 2008 aura donc vu le triste retour de l’Europe de grand-papa : volontairement loin des peuples, repliée sur ses élites politico-diplomatico-technocratiques, technique et incompréhensible pour le seul citoyen lambda, fondamentalement intergouvernementale, inconséquente et inconsistante et - au bout du compte - inefficace. Or tout le monde (MM. Lamassoure, Jouyet, Rama Yade...) semble s’en contenter ?! Pourvu, surtout, que nos peuples n’aient pas le sentiment qu’on touche à leur identité / souveraineté sacrée...

    Ainsi, les six mois de « présidence française » se révélent à l’image du titulaire en charge : beaucoup de bruits pour rien, beaucoup d’agitation frénétique en tout sens pour finalement pas grand chose de concret au bout du chemin. Ainsi va l’Europe de 2008 : beaucoup de bla-bla, beaucoup de discours d’autosatisfaction, beaucoup de demi-succès artificiellement gonflés dans les médias par des hommes politiques à la fois juges et parties s’exprimant devant des média paresseux voire complaisants, se vautrant là dans le « story-telling » prémaché des officines gouvernementales ; et - finalement - pas grand chose de concret à se mettre sous la dent.

    Et lorsqu’on se réunit (souvent...) - pour cause de crise économique ou de relations délicates avec la Chine - c’est surtout pour décider ensemble qu’on agirait en fait... tous dans son coin, souverainement. Triste spectacle que celui de cette Union qui se réunit pour n’être que la tribune de ses Etats membres ; et pour dire qu’elle n’a en fait, en propre, absolument rien à dire.

    A l’heure où l’esprit communautaire est remplacé par un pseudo « volontarisme » qui n’existe à vrai dire que dans l’esprit des responsables qui s’en autofélicitent (et de leurs supporters politiques...), l’UE de 2008 parait en fait aujourd’hui bien moins « européenne » que celle de 2005 (et que dire de celle de 2000, de 1992 ou des années 1985-1986...). Depuis « Laeken » et la « Convention », que de chemin parcouru ! Et - en fait, on ne devrait pourtant pas tarder à s’en rendre compte - un formidable bond en arrière...

    Il ne reste plus qu’à espérer - pour 2009 - que naisse un grand débat lors des élections européennes à venir (j’ai comme un doute...) et que le futur président de la Commission européenne incarne vraiment un projet spécifiquement européen (plutôt que de n’être - comme l’actuel titulaire - que le docile et sans imagination « secrétaire » des Etats-membres...).

  • Le 29 décembre 2008 à 14:11, par Fabien Cazenave En réponse à : Bilan : L’UE de 2008 ?! moins « européenne » que celle de 2005...

    C’est Jean Quatremer qui faisait le constat que Sarkozy avait eu une présidence super intergouvernementale ? D’ailleurs, je ne crois pas que le président français soit la cause du mal.... mais plutôt le symptôme.

    Car que dire des dirigeants irlandais qui ne cherchent qu’une chose : revenir des négociations avec les autres dirigeants un « nonos » pour les citoyens irlandais... sans prendre le temps de faire le travail de terrain nécessaire.

    Tout n’est pas noir, mais de ce point de vue, on est loin du compte, effectivement.

  • Le 31 décembre 2008 à 12:28, par Ronan En réponse à : Bilan : L’UE de 2008 ?! moins « européenne » que celle de 2005...

    C’est Jean Quatremer qui faisait le constat que Sarkozy avait eu une présidence super intergouvernementale ?

    Oui mais visiblement - là où le bas blesse - c’est qu’à l’évidence ça lui convient... (tout comme à M. Jouyet, par exemple...). Si nos gouvernants renoncent ainsi à construire l’Europe envisagée par les Pères fondateurs, encore heureux qu’ils ne la détricotent pas...

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